La FSU 94 a participé le vendredi 8 juillet à une audience intersyndicale (avec le SNUDI-FO, CGT Educ’action et SUD éducation) à la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale. Étaient présent.es pour l’administration Mme Dubarle (Secrétaire Générale de la DSDEN), Mme Rachidi (cheffe de la division des établissements, des moyens et de l’inclusion scolaire) et M. Duche-Barlogis (chef de service des personnels AESH dans le 94).
Cette audience avait pour objet le renouvellement des CDD de 3 ans de nos collègues AESH, refusé par la DSDEN avec ou sans entretien contradictoire, le plus souvent sans justification ni motif valable.
En préambule, et avant la défense une par une des situations individuelles des collègues ainsi que le proposait l’administration, les représentant.es de la FSU ont fait une déclaration liminaire. Celle-ci réclamait en premier lieu que tous.tes les AESH soient renouvelé.es sans avoir à exposer leurs situations médicales, administratives ou professionnelles, sauf dans les cas où la législation justifiait le non renouvellement.
Cette demande se fondait en premier lieu sur le fait que les textes réglementaires n’avaient pas été respectés, notamment la page 40 du guide interministériel des AESH, qui traite des modalités et contenus des entretiens professionnels. Ce document indique que les AESH doivent prendre connaissance d’un rapport écrit motivant leur licenciement avant que celui-ci puisse être effectif, que ce sont les supérieur.es hiérarchiques qui sont responsables de le leur transmettre, et que les AESH peuvent contester ledit rapport auprès du Recteur sous 15 jours. De même les procédures à respecter dans le cas d’un non renouvellement des contrats y sont précisées.
En outre, la question de la formation qui est due aux AESH sur leur temps de travail ainsi que celle de leur place dans l’équipe éducative des établissements (avec formations communes et temps de rencontre et d’échange sur les pratiques), définies par la circulaire dite « de l’école inclusive » de juin 2019, ne sont pas respectées dans le département. Il ne faut alors pas s’étonner que des collègues non formé.es et non accompagné.es commettent des erreurs ou aient des difficultés à se positionner de manière plus professionnelle, et il est hors de question de les en tenir pour responsables dans ces conditions. C’est à la DSDEN 94 d’assurer le strict respect des droits des personnels AESH et leur véritable reconnaissance, plutôt que de s’en débarrasser ainsi !
La délégation FSU a également fait connaître les grandes lignes du compte rendu de l’audience de la veille réunissant le SNUipp-FSU et le DGRH du Ministère à propos de nombreux non renouvellements illégitimes au niveau national. Le DGRH du Ministère a lui-même reconnu que le traitement réservé à ces personnels déjà précaires s’apparentait souvent à de la maltraitance institutionnelle. Enfin, nous avons signalé que plusieurs AESH avaient été renouvelées depuis nos premières interventions le 22 juin, et que certaines avaient été grévistes depuis le 10 janvier, d’autres dans des situations de risques psychosociaux qui excluaient toute mesure supplémentaire et exigeaient la prise en compte de la pénibilité de leur mission, avec les PIAL et les pénuries généralisées.
Nous avons exprimé le mécontentement et la lassitude de nos collègues AESH face à ces pratiques de management expéditives. Nous avons requis une communication plus régulière, de véritables formations, des conditions de travail plus dignes et une augmentation des salaires. Il est essentiel, pour répondre à ces besoins, que les AESH obtiennent le statut de fonctionnaire de l’éducation nationale.
Pour finir, la délégation a annoncé que des recours seraient réalisés par les collègues qui n’auraient pas été renouvelé.es malgré l’examen de leur dossier ne présentant pas de faute professionnelle grave, conformément à ce qui avait été dit au DGRH du Ministère.
Les représentant.es de l’administration ont tout de même souhaité que les situations soient exposées et traitées les unes après les autres.
De nombreux.ses collègues nous ont contacté.es afin que nous portions leur demande lors de cette audience et une grande majorité d’entre elles ont obtenu gain de cause : sur une quinzaine de dossiers portés soit par plusieurs organisations conjointes soit uniquement par la FSU, 8 collègues ont été finalement renouvelé.es, 3 sont encore à l’étude et 3 sont définitivement non reconduit.es pour motifs professionnels ou administratifs sérieux.
Si le résultat de l’audience est relativement satisfaisant et que nous nous félicitons du respect avec lequel nous avons été écoutés par les représentant.es de la DSDEN ce jour-là, le déroulé des événements a de quoi révolter : des collègues ont souffert pendant plusieurs jours d’angoisses, d’incompréhension et du sentiment d’être nié.es dans leur valeur professionnelle, pour voir finalement leur sort modifié d’un coup de crayon sur un tableau suite à l’exposition d’arguments pourtant déjà déployés par le biais de courriels.
Remarquons enfin que nous n’aurions pas pu être écouté.es et reçu.es de la sorte sans le rapport de forces établi au préalable par les longs mois de grève menés par nos collègues AESH. C’est la preuve de la force de l’intersyndicale et des actions collectives au service des droits des personnels et de la défense de chaque agent.e ; nous poursuivrons cette lutte dès la pré-rentrée, parce que la cause de nos collègues extrêmement précaires et souvent isolé.es (nous déplorons d’ailleurs que les AESH non renouvelé.es figurant sur la longue liste de l’administration n’aient pas pu nous contacter) mérite d’être placée dans les priorités de nos organisations syndicales, comme faisant partie du plan d’urgence.
Dans cet esprit et avec détermination, nous souhaitons de bonnes vacances à nos collègues AESH ainsi qu’à leurs familles, et les invitons à se rapprocher de notre fédération syndicale, du SNUipp et du SNES, dès la pré rentrée, pour mener ces luttes avec nous et nous permettre d’être réactif.ves et au plus près des problématiques du terrain grâce à leurs remontées.