Cette CAPA s’est réunie, pour la dernière fois et en formation extrêmement restreinte, le 15 septembre 2020 dans un bâtiment annexe du Rectorat de Créteil. Vous trouverez ci-dessous notre déclaration liminaire :
C’est dans un contexte très particulier que s’ouvre cette dernière CAPA concernant l’accès à l’échelon spécial de la classe exceptionnelle, cette dernière CAPA peut-être tout court, dans un contexte de crise sociétale et sanitaire d’une ampleur considérable.
L’année scolaire écoulée n’a ressemblé à aucune autre : lutte contre la réforme des retraites, du lycée et du bac ; mobilisations pour la défense du service public, du paritarisme, pour de meilleures conditions de travail en collège comme en lycée ; crise du covid ; confinement puis déconfinement, école à distance ; crise sociale et économique... La période a été dure, éprouvante mais a renforcé le besoin du collectif. Les CPE, aux côtés des autres personnels, ont répondu présents pour relever les défis. Cette année 2019-2020 restera dans l’histoire avec l’improvisation permanente du ministère et un dernier trimestre où, comme pour le report du brevet 2019, les personnels prenaient connaissance des informations relatives à leur quotidien professionnel dans les médias ou sur les réseaux sociaux, 24 à 48h avant leur entrée en vigueur.
L’année qui s’ouvre s’annonce tout aussi compliquée. Les enjeux sanitaires, organisationnels, éducatifs et pédagogiques posés par la crise sanitaire restent d’actualité. Pour autant, le ministre se refuse à prendre la mesure du défi éducatif que représente cette nouvelle rentrée. La crise sanitaire est loin d’être terminée. Elle va provoquer une grave crise économique et sociale avec une explosion possible du chômage, une aggravation de la précarité, la baisse de nombreux revenus, la peur du lendemain. En tant que CPE, nous savons les ravages que ce contexte ne manquera pas d’avoir sur nos élèves et leurs familles. La dimension sociale des inégalités est ignorée au profit d’une vision qui fait porter sur l’individu l’entière responsabilité de son destin scolaire. Les inégalités se sont creusées. L’établissement, lieu incontournable de socialisation et d’interactions n’a pu jouer ce rôle en raison du confinement. La crise a confirmé que l’état du bâti scolaire était loin d’être à la hauteur des enjeux (salles de classe exiguës, couloirs étroits, sanitaires en nombre insuffisant...). Le caractère obligatoire de l’école a été mis à mal. Le retour, lors de la reprise, sur la base du volontariat des familles, a fragilisé le fondement même du service public d’éducation et accentué les inégalités.
Moins de deux semaines après la rentrée, nous ne pouvons que le constater : contrairement aux affirmations de notre ministre, nous n’étions pas prêts. Avons-nous été les seuls, en entendant cette affirmation vantarde et irréaliste, à nous rappeler un funeste précédent ? « Nous sommes prêt et archi-prêt. La guerre dut-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats » déclarait le regrettable maréchal Leboeuf, ministre de la guerre, le 15 juillet 1870, à la veille d’un conflit qui allait provoquer l’invasion et la chute du régime … La prétention et la déconnexion actées, le parallèle s’arrêtera là, le gouvernement actuel ayant sur les questions sociales une politique plus rétrograde et inhumaine que le Second Empire.
La crise a mis en lumière le manque criant de personnel vie scolaire. Elle devrait être l’occasion de moyens supplémentaires en CPE, AED, personnels médico-sociaux dans le cadre d’un plan de relance. Or dans ce contexte sanitaire, les effectifs des classes de l’académie de Créteil n’ont jamais été aussi élevés dépassant dans beaucoup d’établissement les seuils fixés. L’application des gestes barrières et du protocole sanitaire relève alors du défi. Et pendant ce temps, le ministre ne manque pas de poursuivre la déclinaison de sa politique de casse ... Prochaine cible ? L’éducation prioritaire... La liste est longue et nombreux sont les points qui impacteront la catégorie et notre métier, tandis que les réformes des retraites et de l’assurance chômage sont loin d’être abandonnées. La loi Fonction publique a donné toute la mesure de sa nocivité. Celles et ceux qui ont demandé une mutation ou ont été affecté en tant que stagiaire cette année l’ont compris : dorénavant obtenir transparence et garantie d’un traitement équitable lors de ces opérations de gestion est une gageure. Entre erreurs de l’administration, volonté de ne transmettre qu’un minimum d’informations et réponses tardives aux recours formulés, les personnels ont compris les dangers de la suppression du contrôle paritaire des opérations de gestion.
C’est pourquoi, pour ne pas nuire à la sérénité de nos échanges, nous nous abs-tiendrons de commenter « la rentrée dans la joie » décrite par le ministère. Nous laisserons cela aux juges et aux futurs historiens de la période.
En ce qui concerne cette dernière opération que nous examinons ensemble, si peu nombreux en regard de ceux qui nous ont élus, nous rappelons notre souci de défendre les mesures qui visent à la promotion d’un plus grand nombre de collègues. Actuellement, la classe exceptionnelle ne fait que reproduire, en les amplifiant, les inégalités de la Hors-Classe d’avant le PPCR. Nous renouvelons notre demande d’arriver à un vivier unique qui favorise les collègues en fin de carrière, seul critère objectif pour tous. Les rémunérations en constante régression (gel du point d’indice), une revalorisation salariale toujours repoussée, laissent chez les personnels un goût amer. La classe exceptionnelle issue du PPCR devait répondre aux attentes de progression salariale, surtout pour les CPE. Le SNES et la FSU revendiquent l’accès automatique à ce grade avant le départ en retraite.
Nos interventions en séance viseront à corriger les incohérences apparues entre la note de service et le projet, en termes de parité et d’attention aux collègues proches de la retraite, mais, comme nos collègues enseignants, nous nous inquiétons grandement de la situation de l’an prochain. Sans CAPA, qui veillera au respect de la note de service ministérielle et au respect des droits des collègues ?
Dans ce contexte d’une année très particulière, le SNES-FSU sera, comme toujours, aux côtés des personnels pour les informer, les défendre, construire les mobilisations nécessaires pour obtenir l’indispensable revalorisation salariale, l’amélioration des conditions de travail, un temps de travail de 35 heures toutes tâches comprises et bien sûr veiller à la sécurité sanitaire de la communauté éducative.
Ce sont les personnels qui, tous les jours, font vivre le service public d’éducation, tant qu’il vit, et non un ministre déconnecté des réalités. Les personnels, dans les établissements comme au rectorat, doivent être considérés, revalorisés, le mépris doit cesser !