Le point sur la sectorisation en Seine et Marne, CDEN du 7 décembre 2018
Les choix de sectorisation en Seine et Marne confirment une logique de politique éducative à court terme, sans audace et totalement décalée des réalités sociales.
Nous nous prononçons depuis quelques années sur des sectorisations qui ne prennent plus compte que de la seule dimension démographique car elles évacuent systématiquement les critères sociologiques. Ainsi, malgré les alertes répétées de notre part, la politique éducative départementale renforce, faute de courage politique et d’ambitions éducatives, les clivages territoriaux existants depuis longtemps déjà dont de nombreuses politiques nationales portent une grande part de la responsabilité. Les cas de sectorisation examinés cette année confirment cette logique aggravant même parfois les choses puisque, dans certains cas, il nous aurait fallu entériner des hypothèses conduisant à des situations démographiques insoutenables. Comment peut-on accepter de dépasser le seuil des 1000 élèves au collège François Villon de St Fargeau – Ponthierry (874 inscrits en septembre 2018 !), même pour une « courte » durée ? Cette situation étant au passage totalement dépendante de l’ouverture d’un nouveau collège qui n’est pour l’instant qu’une promesse. Alors, faute d’anticipation politique, il nous faudrait engager l’avenir des élèves dans une direction incertaine en les condamnant à vivre des conditions de scolarisation inacceptables ?
Dans un département comme le nôtre, les variations de population d’un secteur à l’autre nécessitent de se projeter à plus long terme avec des solutions modulables afin de garantir un service de qualité sans gaspiller l’argent versé par les contribuables, avec des solutions déjà obsolètes au moment de leur mise en œuvre. Il importe également que les sectorisations n’enlèvent pas trop d’élèves comme au collège Brassens de Brie Comte Robert… alors que le collège de Lésigny explose. Est-il vraiment raisonnable d’imaginer de couper des salles de classes en 2 ou comme à Bussy de construire une extension sur la cour au lieu de surélever ?
La sectorisation ne doit pas se contenter d’une gestion de flux ou d’augmentation d’effectifs car elle implique aussi des questions telles que :
– la démocratisation scolaire et donc un accès égal à toutes les offres d’éducation publique,
– la mixité sociale, en effet La FSU tient à rappeler l’importance de la mixité sociale dans la réussite de tous les élèves en collège comme en lycée
– la qualité et l’adaptation des locaux financés sur les deniers publics pour assurer le bon fonctionnement du service public.
Une démarche indispensable pour permettre de trouver la bonne corrélation entre le taux de remplissage, les distances parcourues par les élèves et la mixité.
Or, nous constatons au contraire que les politiques qui se succèdent, construisent le cercle vicieux d’une brutalité éducative dont nos élèves sont les premières victimes. Ces politiques sont violentes et inacceptables car elles créent du mal être, de la rancœur même, chez tous les acteurs de la communauté scolaire. Cette violence prend ces jours derniers une dimension nouvelle, venant se cristalliser à d’autres, nos élèves en exprimant de façon souvent confuse et/ou inappropriée ses outrances.
En effet, les mobilisations lycéennes actuelles dénoncent aussi la logique foncièrement inégalitaire des réformes menées au pas de charge et sans véritable concertation par le ministère. Le dispositif « Parcours Sup » a consacré la concurrence généralisée de tous contre tous et l’introduction de la sélection laissant sur le bord du chemin les élèves issus des catégories sociales et culturelles les moins favorisées. C’est cela que nous rappelle avec force la mobilisation de plusieurs milliers de jeunes. Leur parole doit être au moins entendue, écoutée et pleinement respectée.
Nous appelons à une réouverture de véritables négociations et non de pseudos concertations où tout est ficelé d’avance, à la suspension immédiate de Parcours Sup et de la réforme du lycée pour enfin construire, avec les jeunes et les personnels, une école de la réussite pour tous.
Déclaration lue en préambule de ce CDEN