Compte-rendu de l’Assemblée Générale des professeurs de Philosophie du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne, convoqués à la journée de formation sur la spécialité HLP, le 12 avril 2019 à Charenton-le-Pont.
Nous, professeurs de Philosophie du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne, convoqués et présents à la journée de formation sur la spécialité « Humanités » qu’il nous est demandé d’assurer dès la rentrée scolaire, constatons :
- Le caractère précipité de la mise en place de ce nouvel enseignement, qui demeure très vague quant aux attendus et à l’évaluation des élèves. Comment enseigner une spécialité sans savoir exactement et rigoureusement ce qui sera attendu de nos élèves à l’examen ? La nature de l’épreuve de fin de première reste floue. Quant à l’évaluation en Terminale nous en ignorons tout ! Aucune cohérence pédagogique n’est possible dans ces conditions.
- Que la durée de l’épreuve finale de Première (deux heures pour répondre à la fois à une question de philosophie et à une question de réflexion sur un texte littéraire, ou l’inverse) est bien trop courte pour permettre aux élèves un travail rigoureux de lecture, exigence pourtant formulée dans le programme paru au BO spécial n° 1 du 22 janvier 2019. Cette durée est imposée de manière arbitraire car toutes les épreuves de spécialité de fin de première sont ainsi calibrées sur un format de deux heures, ce qui est à l’opposé des exigences inhérentes à l’exercice même de la philosophie par des élèves de Terminale, a fortiori de Première (prendre le temps de la lecture, rester quatre heures à l’épreuve finale) et annonce que les copies issues de telles épreuves seront soit non évaluables, soit réduites à la restitution d’un cours, ce qui retirera tout sens à notre enseignement et accentuera encore l’inégalité des élèves face à l’examen.
- Que le nouveau baccalauréat perd complètement son caractère national et devient un bac local. En effet, qu’en est-il du contrôle continu sur cette spécialité ? Aucune modalité n’a été annoncée, alors que nous sommes censés accueillir les élèves dans quatre mois et demi. Les sujets des épreuves communes seraient issus d’une « banque nationale de sujets » ; mais les sujets seraient communs à l’échelle locale : l’échelle du district ? de plusieurs districts ? Comment serait constituée cette « banque nationale de sujets », et comment assurer la neutralité et l’équité nécessaires dans la préparation et l’évaluation de cet examen ?
- Que la banque de sujets sera publique et accessible à tous. Il est d’autre part établi que le Ministère a envoyé un texte précisant les modalités de l’épreuve de fin de Première aux éditeurs avant même d’informer la profession par ses instances représentatives (associations professionnelles, organisations syndicales). Il est donc clair que l’épreuve constituera en une pure et simple restitution d’un quelconque annabac, que les éditeurs sont en train de mettre au point en ce moment même. Quelle que soit la qualité de nos cours, les élèves seront conditionnés à apprendre par coeur ces manuels et à les restituer intégralement le jour de l’examen. Ces deux décisions récentes auront pour effet d’accroître considérablement le chiffre d’affaire des éditeurs privés, au prix d’une détérioration tout aussi considérable du service public d’Education nationale et au grand détriment de ses usagers, élèves et parents.
- Au-delà de la question de la spécialité HLP en Première nous voyons dans tout cela une preuve de plus que les réformes du bac et du lycée dans leur totalité sont une attaque en règle contre notre enseignement, contre notre statut et contre nos conditions de travail, déjà dégradées. L’autonomie accrue des établissements aura selon toute vraisemblance pour conséquence de soumettre nos conditions effectives de travail à l’arbitraire des chefs d’établissement reconvertis en managers.
- Puisque cette réforme du lycée, n’ayant visiblement aucune pertinence pédagogique, a essentiellement pour visée de faire des économies, et malgré les déclarations du Ministère sur le recrutement affiché de nouveaux collègues aux prochaines sessions des concours, il est clair qu’elle s’inscrit dans la politique de suppressions de postes menée depuis des années et s’articule au projet de loi dit de « Transformation de la fonction publique » déposé en procédure accélérée à l’Assemblée nationale le 27 mars 2019 ; enfin, qu’elle aboutirait dès l’année prochaine à des suppressions massives de postes dans toute l’Education Nationale.
Décisions et votes (49 présents)
Motion 1.
Nous demandons l’abrogation des réformes Blanquer du lycée et du baccalauréat.
Votes : 47P, 0C, 2A, 0 NPPV.
La motion 1 est adoptée par l’Assemblée Générale.
Motion 2.
Nous demandons une garantie formelle qu’il n’y aura aucune suppression de poste jusqu’en 2022, terme de l’actuelle mandature présidentielle.
Votes : 49 P, 0C, 0A, 0 NPPV.
La motion 2 est adoptée par l’Assemblée Générale.
Motion 3.
Pour le boycott de la journée de formation du vendredi 12 avril.
Votes : 45 P, 1C, 3A, 0 NPPV.
La motion 3 est adoptée par l’Assemblée Générale.
L’ordre du jour étant épuisé, l’Assemblée Générale est levée peu avant midi, et la journée de formation annulée.
Les professeurs de Philosophie du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne,
réunis en Assemblée Générale au lycée Maurice Schumann,
Charenton-le-Pont (Val de Marne), ce vendredi 12 avril 2019