Les collèges Marcel Rivière et Les 4 Arpents de LAGNY-SUR-MARNE en grève ce matin
Quelle formule trouver pour que ces mots ne soient pas vains ?
Quels mots prononcer pour que cette énième alerte fasse enfin mouche ?
Ce dont il est question ici, et parce la situation se répète et se répand, ce n’est pas la simple attribution d’heures d’enseignements dans l’un des multiples collèges publics inconnus de la région parisienne.
Ce dont il est question ici, et parce que la situation se répète et se répand, c’est de dénoncer ce que nous infligent nos décideurs politiques et d’y opposer clairement ce que nous voulons. Car nous sommes, par nos fonctions, nos aspirations, nos convictions professionnelles et notre implication physique et intellectuelle, les défenseurs d’une éducation nationale garante des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Nous dénonçons la gestion de l’éducation de nos futurs concitoyens, comme une simple ligne budgétaire dont il faudrait diminuer le montant.
Nous dénonçons le renoncement complet à une école créatrice d’égalité, de fraternité et de liberté, de la part de nos décideurs politiques.
Nous dénonçons l’incompétence ou le refus assumé de ces mêmes décideurs de donner les moyens économiques nécessaires pour former les futures générations de citoyens.
Nous dénonçons l’abandon de nos élèves, de nos enfants et donc le mépris pour leurs droits à tous d’accéder aux savoirs et donc à leur émancipation intellectuelle, sociale et économique.
Nous dénonçons le traitement de nos élèves, de nos enfants tels des marchandises coûteuses.
Nous voulons que l’éducation soit considérée comme une priorité, parce qu’elle est la garante de l’épanouissement intellectuel et social des individus. Et qu’elle conduit par la même à une société apaisée, reflexive et donc vertueuse.
Nous voulons donc, que dans l’un des cinq pays les plus riches du Monde, des moyens économiques et culturels conséquents soient mis à disposition d’un véritable service d’éducation nationale.
Nous voulons que les élèves et les adultes, chargés de leur éducation, de leur surveillance, de leur accompagnement en général en dehors du cadre privé, puissent travailler ensemble dans des de bonnes conditions.
Nous voulons que l’on cesse de nous enfermer dans des classes à 26, 27, 28, 29, 30 enfants de 11 à 15 ans en osant nous dire que nous devons remédier à leurs difficultés cognitives, sociales ou psychologiques.
Nous voulons que l’on cesse de nous enfermer dans des cours de récréation, des couloirs, des réfectoires à 200, 300, 400, 500... 800 enfants de 11 à 15 ans en osant nous dire que nous devons assurer leur sécurité physique, leur protection contre toutes formes de brimades et leur épanouissement moral.
Nous voulons nous assoir à côté de nos élèves les plus démunis pour les amener à comprendre le monde qui les entoure.
Nous voulons dialoguer et traiter nos élèves avec le respect et l’attention dus à des enfants de leur âge sans renoncer à notre propre épanouissement.
Nous voulons pouvoir considérer individuellement les besoins et les aspirations de nos élèves, tout en leur apprenant se fondre dans le collectif.
Nous voulons des professeurs en poste, nous voulons des assistants d’éducation, nous voulons des professeurs remplaçants formés et bien traités, nous voulons des psychologues scolaires, nous voulons des assistantes sociales.
Pour l’affaire qui nous réunit aujourd’hui, nous voulons dans un premier temps des heures d’enseignement en poste.
Nous savons que l’on peut nos répondre qu’il n’y en a plus, que « l’enveloppe est vide », et bien nous rétorquons que notre interventions est l’une des multiples preuves qu’il s’agit d’une urgence nationale, et que, tout comme des sommes considérables peuvent être déployées de façon exceptionnelle pour une guerre, des sommes considérables doivent être déployées de façon exceptionnelle pour la paix sociale. Nous le demandons d’autant plus aisément qu’il s’agit là d’une dépense de l’argent commun dont le fruit sera un bien commun : l’éducation de toute une génération.