Lors du dernier CA, les élu-e-s des personnels du lycée Robert Schuman de Charenton-le-Pont ont lu une motion qui a été ensuite jointe au PV du conseil d’administration et ainsi transmise à la hiérarchie. Ce moyen d’action permet d’avertir le rectorat et le ministère de l’opposition persistante des enseignant-e-s au pacte et leur refus de voir s’appliquer à toutes et tous cette forme de contractualisation qui nuit grandement à leur statut et à leurs conditions de travail. Cela permet aussi d’expliquer aux parents d’élèves et aux élèves élu-e-s les raisons du refus du pacte par les enseignant-e-s.
Voici la motion dans son intégralité et en PJ. N’hésitez pas à vous en inspirer (avec l’accord des enseignant-e-s élu-e-s du lycée Schuman) pour l’utiliser dans vos établissements respectifs.
Chers élèves, chers parents,
Vous avez pu entendre ces derniers mois que la mise en place du PACTE et la volonté de généraliser les dispositifs de Remplacement de Courte Durée faisaient l’objet d’un rejet unanime de la part des syndicats enseignants.
Sans entrer ici dans de longues considérations internes à l’Éducation Nationale (questions de revalorisation, nouvelles formes de management que nous subissons...), il nous semble important de rappeler quelques éléments généraux vous expliquant ces refus.
1. Le PACTE et le RCD entérinent le fait que l’État n’est pas capable d’assurer sa mission de service public.
L’essentiel des absences des enseignants (formations institutionnelles, convocations pour examens, arrêts maladie au-delà de 24 h…) pourrait être couvert par des professeurs remplaçants ou des personnels internes aux établissements, comme cela existe dans certains pays.
Avec le RCD, l’État admet ne pas assurer être en capacité d’assurer ses missions et il enjoint aux agents de pallier à ses manques. Il admet ne pas pouvoir garantir l’égalité et la solidarité entre les territoires et il pousse à une logique du « chacun pour soi ».
2. Le PACTE et le RCD dégradent la qualité des enseignements.
Nous pensons que l’École a une mission fondamentale : former des esprits éclairés. Cela demande de mettre en place des enseignements appuyés sur des disciplines et qui se déploient dans la durée, pour construire de manière patiente et solide des intelligences structurées.
La logique promue ici est celle du bouche-trou, du pailletage, du zapping. Non plus une école de l’émancipation, mais une école de l’apparence.
3. Le PACTE et le RCD remettent en cause l’attachement des enseignants à leur métier.
Nous avons la conviction qu’un des éléments fondamentaux pour assurer des enseignements de qualité est que les enseignants se sentent respectés dans leur métier. Ce passage en force sur le PACTE et le RCD, qui fait suite à bien d’autres, participe à accroître une crise de confiance qui s’enkystent et accroît les difficultés de recrutement.
Il y a beaucoup de compétences, de richesses et d’engagements chez les enseignants, qui sont gâchés par des politiques publiques qui ne semblent fonctionner que par l’autoritarisme.
Nous gardons évidemment le sens de la mesure. Nous ne voyons pas le PACTE et le RCD comme la fin consommée de l’Éducation nationale.
Néanmoins, le PACTE et le RCD font suite à de nombreuses autres réformes et d’autres sont en projet, qui vont dans le même sens. Or nous connaissons la fable de la grenouille. Nous savons qu’il est important de réagir avant qu’il ne soit trop tard. Nous savons également qu’il est très difficile de regagner le terrain perdu.
Ces raisons expliquent le combat mené par les enseignants de l’établissement sur ce sujet.
Les élus des personnels du lycée Robert Schuman (CGT-Educ’Action, SNES-FSU, SUDSolidaires, non-syndiqué.e.s), Charenton-le-Pont.