4 novembre 2024

le métier

L’informatique et la Région : des investissements irraisonnés et anti-écologiques !

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Depuis 2022, la Région installe pour faire office de tableaux des ENI (Ecrans Numériques Interactifs) dans certains lycées. En revanche, elle ne remplace plus les ordinateurs fixes et les vidéoprojecteurs qui tombent en panne !

Or ces équipements ont des effets non négligeables sur nos enseignements et notre pédagogie, et le code de l’éducation rappelle l’autonomie des établissements en la matière. Ces choix doivent donc être actés en CA.

Ces méga-écrans qui coutent une fortune et ne fonctionnent pas en cas de panne réseau ou électrique sont censés remplacer nos tableaux blancs. Le SNES FSU s’oppose à ce que ce matériel soit imposé sans demande explicite des personnels qui sont les mieux placés pour indiquer les salles à équiper.

Pourquoi cet investissement massif en ENI est-il regrettable voire nuisible ?

Les enseignant.es doivent s’approprier un outil sans formation, parfois pour quelques heures de cours seulement. Les ENI ont été mis en place quelquefois à la place des anciens tableaux blancs. Ainsi, les enseignants se retrouvent sans alternative et ne peuvent plus écrire sans allumer le tableau ou quand celui-ci est en panne.

Nous savons déjà que ces dispositifs ont un cout écologique non négligeable pour la fabrication et le transport. Mais désormais, lorsqu’il n’y a plus de tableaux blancs, l’ENI doit être allumé en permanence.
Ces appareils diffusent alors une chaleur importante. Les établissements font pourtant la promotion de labels « établissements écologiques » et organisent des fresques du climat. Que pensent donc les éco-délégué.es du déploiement de ces tableaux ? Dans un contexte de décroissance énergétique, cet investissement est incompréhensible et nocif.

Le cout financier est également important. Le cout d’un ENI (pose comprise) est estimé entre 8000 et 9000 euros. Ce montant est bien supérieur à celui des vidéo-projecteurs. A qui bénéficie cette manne d’argent public ? Unowhy qui fournit déjà les ordinateurs pour les élèves ? L’électricité nécessaire a également un cout, mais il est probable que nous réaliserons des économies de chauffage. Et qu’arrivera-t-il lorsqu’ils tomberont en panne ?

Enfin, il est utile de rappeler que, dans la majorité des lycées, les enseignant.es ne cessent de changer de salle. Ces déplacements réguliers sont aussi causes de détérioration des outils numériques (mauvaise utilisation par manque de formation à l’outil, distraction de l’utilisateur.trice qui en fait usage, perte des stylets, nettoyages inappropriés endommageant les écrans…).

Il est donc regrettable que la région Ile-de-France choisisse certains investissements de façon non ciblée au lieu de demander à chaque établissement ce qui lui conviendrait le mieux..

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Les livres numériques imposés posent aussi de nombreux problèmes dans nos enseignements.

Les livres sont moins utilisés car le temps pour allumer les ordinateurs (s’ils sont chargés ...) est trop long, la place sur le bureau est insuffisante et le fait de jongler sur un petit écran affichant le livre dans une fenêtre et un écran de bureautique dans une autre rend le travail personnel des élèves laborieux.

Ces livres coutent plus chers que les livres "papier" car un abonnement doit être payé chaque année et dépasse en 3 ans le cout d’un manuel papier.
Ecologiquement, le stockage et l’utilisation de leurs données contribuent au réchauffement climatique alors que la gestion raisonnée des forêts, dont le bois permet la fabrication du papier, stocke le carbone grâce à la photosynthèse.
Quant à la diète des écrans préconisée par ailleurs à nos élèves ... elle est vite oubliée dans ce cas !

La version Pearltrees fragmente les livres, chez certains éditeurs, il n’y a plus de références aux pages pour renvoyer les élèves sur un document ou un exercice précis, de nombreux professeurs en ont abandonné l’utilisation.. De l’argent gaspillé (d’autant que le nombre des bonnes vieilles photocopies explose .. et cela sur des photocopieuses sous-dimensionnées, souvent en panne)

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WIFI nécessaire à tous les étages ... enfin, quand cela fonctionne !


La réduction de l’informatique aux seuls ordinateurs portables entrave également le déroulement de nos séances d’enseignement. Pas de wifi, pas de travail possible sur ces ordinateurs non équipés de ports externet. Est-ce normal que, pour fonctionner, élèves et professeur.es doivent faire des partages de connexion avec leurs téléphones portables alors que ni les uns ni les autres de disposent d’un abonnement illimité ... et puis le portable doit être interdit, non ?

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Des salles informatique pour les enseignements spécialisés supprimées : en science, en écogestion, en informatique alors que les élèves sont évalué.es au bac dans ces disciplines, parfois pour 16% de leur note ! Les professeur.es de sciences doivent utiliser des applications en ligne ( genigen, google earth ... ), comment faire quand il n’y a pas de wifi (fréquent ..) et sur de petits écrans  !


Pour les épreuves de baccalauréat dans ces disciplines nécessitant des ordinateurs, sur quel matériel nos élèves vont-ils travailler ?

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Les ordinateurs en panne des élèves et des professeurs ne sont pas remplacés immédiatement, comment travailler dans l’intervalle ?


Le SNES Creteil demande qu’il y ait une trentaine d’ordinateurs en réserve dans les lycées afin de ne jamais laisser un élève plus d’une journée sans ordinateur, puisque cet outil est devenu indispensable.

Nous ne parlerons pas dans cet article des investissements toujours attendus dans la rénovation du bâti, des intrusions toujours trop faciles faute de portails fonctionnels ou de clôtures, de l’omerta concernant les analyses de l’air et la présence d’amiante dont les résultats, les DTA ne sont pas fournis à notre employeur, le rectorat, et donc ne peuvent être étudiés par les FS SST CT ( ex CHSCT), du chauffage allumé trop tardivement aux rentrées de vacances.

Les personnels des établissements dont les toits fuient préféreraient qu’on investisse dans les réparations indispensables au bien être et à la santé de tou.tes. Combien d’établissements bénéficiaires d’ENI flambant neufs -et inespérés !...- ont dû piocher dans leurs fonds de réserve pour réaliser des travaux ?
Souhaitons simplement que les ENI ne soient pas installés dans les salles livrées aux intempéries et à la pluie qui s’infiltre de plus en plus régulièrement !