L’équipe éducative du lycée Blanqui, réunie en AG ce mercredi 18 décembre, tient à dénoncer l’article fallacieux de L’Express du 3 décembre, repris par Valeurs actuelles intitulé, selon les versions, « Mon lycée va craquer » ou « Filles voilées en cours, “ateliers racisés” » qui n’hésite pas à couvrir d’opprobre l’ensemble des collègues des lycées Angela Davis de Saint-Denis et Joliot-Curie de Nanterre. Les membres de notre établissement sont également scandalisés par la démarche du ministre de l’Éducation nationale qui donne aveuglément du crédit à cet article, sans aucun résultat d’enquête préalable.
En effet, l’autrice de l’article concerné, Nadjet Chérigui, déjà connue par le passé pour ses propos stigmatisants et caricaturaux concernant la commune de Saint-Denis tenus dans un article nommé « Molembeck-sur-Seine », discrédite de façon généralisée l’équipe éducative de deux lycées de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine en se basant sur des témoignages anonymes et des rumeurs invérifiables, qu’elle érige en enquête. Du fait de ses méthodes d’enquête douteuses, elle commet des amalgames grossiers. Cette journaliste attribue, par exemple, malhonnêtement l’organisation d’« ateliers racisés » proposée par le syndicat Sud, au lycée Angela Davis, alors même que ce stage de formation syndicale, certes contestable, n’a absolument aucun lien avec l’action pédagogique de l’équipe éducative de cet établissement.
Pourtant, Jean-Michel Blanquer choisit d’emblée d’accréditer ces allégations non attestées et de mettre ainsi en doute l’intégrité de ses fonctionnaires en donnant, dès le lendemain de la parution de l’article et avant de s’être informé, une interview. Il préfère donc valider des rumeurs colportées par une journaliste aux pratiques douteuses et accuser, sans autre forme de procès, une large part du personnel de ces établissements d’atteintes à la laïcité, de manipulation des élèves et de grèves injustifiées. Dans cette campagne de communication, le ministre n’hésite pas à exploiter ces écrits hasardeux afin de remettre au premier plan le débat sur la laïcité. Ce choix permet adroitement de taire le problème crucial du manque de moyens et d’aides dans les établissements de banlieue parisienne.
Nous attendons de notre hiérarchie qu’elle soutienne les fonctionnaires exerçant dans des établissements exposés à de nombreuses violences, comme c’est le cas au lycée Angela Davis où un élève a été poignardé cette année. Nous souhaitons que « l’école de la confiance » soit davantage qu’un slogan creux. Nous voulons ainsi que le ministère montre sa volonté de nous soutenir en renforçant les réseaux d’éducation prioritaire plutôt que d’alimenter des polémiques stériles sans aucun élément d’enquête tangible. Nous désirons donc que l’institution fasse la lumière sur ces accusations qui nuisent à la réputation de nos collègues et remettent en cause leur investissement.
Nous affirmons que nous avons besoin de moyens, matériels et humains, pour défendre une école de la république égalitaire et juste. C’est pourquoi, nous exigeons que nos collègues soient entendus lorsqu’ils demandent de l’aide.