Notre collègue Christine Renon, directrice de l’Ecole Mehul à Pantin, s’est suicidée. Elle avait 58ans. Dans sa lettre qu’elle a envoyée à ses collègues elle décrit de façon très explicite son épuisement professionnel.
Comme Christine nous disons : "cela doit s’arrêter"
Nous devons en finir avec ces réformes successives qui détruisent les services publics et l’Éducation Nationale.
Assez de voir notre métier d’enseignant perdre son sens ! Ce que nous redoutions avec la réforme du lycée se confirme : problèmes d’emploi du temps, deux classes de 1re générale surchargées (34 et 33 élèves), aucun calendrier national ou rectoral des épreuves du contrôle continu, aucun manuel, pas encore de wifi ni de tablettes distribuées aux élèves…
Assez de voir nos salaires amputés ! Avec le prélèvement à la source, le gel du point d’indice, la journée de carence en cas de maladie, de plus en plus de collègues doivent avoir recours aux heures supplémentaires pour boucler leurs fins de mois.
Assez des réformes successives qui affaiblissent notre statut et nos droits collectifs : Loi Dussopt de transformation de la fonction publique (Fin des CAP et des CHSCT), projet de réforme des retraites, jour de carence en cas d’arrêt maladie…A titre d’exemple, avec la réforme des retraites, après 40 ans de carrière, un professeur certifié passerait de 2281 euro de pension à 1755. Assez du model de management du type « France Telecom ». Assez des entretiens individuels où l’on nous rend responsable des dysfonctionnements de l’institution. Assez de ces stages de formations que l’institution tente de nous imposer pendant les vacances. Assez du recours aux contractuels non formés et sous-payés.
Assez de la violence institutionnelle au quotidien quand il faut refuser des places aux collégiens, aux lycéens parce que les collectivités et le Rectorat ne font pas leur boulot. Assez de voir certains de nos élèves analphabètes et non francophones arriver en CAP car les classes d’accueil disparaissent. Assez de voir nos élèves mineurs isolés qui ont fuient la guerre et la misère dans leur pays, se retrouver seuls dans des hôtels sans soutient car l’Etat ne donne pas les moyens à l’Ase de s’en occuper.
Assez de la répression d’Etat. Que ce soit contre la jeunesse, les gilets jaunes, les syndicalistes et les enseignants, le gouvernement ne connait que la répression et la violence. Sous prétexte du devoir de réserve, la loi Blanquer nous empêche toute contestation.
– L’ abandon du projet de loi sur les retraites et exigent le maintien du code des pensions civiles et militaires qui garantissent en partie leurs statuts et des 42 régimes existants.
– Le retrait de la loi Blanquer, de son article 1, des réformes du lycée et du lycée professionnel et le retour au baccalauréat national.
– Le droit à tous les bacheliers de s’inscrire à l’université. La fin de Parcour-sup.
– Le retrait de la réforme de transformation de la fonction publique (loi Dussop).
– L’abandon du jour de carence en cas d’arrêt maladie.
Parce qu’il y en a assez et qu’il faut en finir avec ces politiques de destruction, le personnel du lycée Lucie Aubrac soutenu par ses sections CGT Educ’action et SNES-FSU rejoint l’appel lancé par plusieurs syndicats à se mettre en grève à compter du 05 décembre sur ces revendications.
Ils se rendront devant DSDEN de Seine-Saint-Denis le 03 octobre, jour du CHSCT extraordinaire suite au décès de Christine et transmettrons cette motion.
Le 30.09.19 à Pantin.