Au collège Saint Exupéry d’Ormesson comme dans de nombreux établissements du département, la colère face à la réforme du choc des savoirs est immense. Iels ont choisi d’écrire une lettre aux parents distribuée à l’extérieur du collège. Iels y expriment leur inquiétude face à l’annonce de réformes hâtives regroupées sous l’intitulé pompeux du « Choc des savoirs ». Un choc qui n’aura pas pour effet de rehausser le niveau, mais au contraire de détruire les conditions d’enseignement et d’apprentissage des élèves.
Après la réforme de 2016 qui a considérablement réduit les heures de mathématiques et de français (1h de moins en moyenne par semaine), le ministère veut imposer la mise en place de groupe de soutien au détriment des autres disciplines. Déjà, l’année dernière, le gouvernement a fait disparaitre la technologie en 6e sous prétexte d’accorder une heure de soutien / approfondissement…. mais celle-ci disparaitra à son tour à la rentrée prochaine, faisant passer la durée d’enseignement hebdomadaire sur ce niveau de 26h à 25h.
Cette année, et encore une fois dans la précipitation, le ministère annonce l’introduction de groupes de niveaux en français et en maths pour les élèves de 6e et 5e. (puis en 4e et 3e en 2025). Si l’on en croit les déclarations, trois groupes devraient être constitués pour ces deux niveaux (faible, moyen et fort) afin de permettre à tous les élèves de progresser à leur rythme. Cependant, ces annonces se confrontent à la réalité de terrain où elles ne seront pas applicables sans entrainer un bouleversement profond dans l’organisation de la vie au collège Saint Exupéry :
• Tout d’abord, aucune heure supplémentaire n’a été accordée pour la mise en place de ces groupes. Au contraire, le collège en a même perdu deux : les heures attribuées à la constitution de ces groupes seront donc retirées à d’autres disciplines. Ainsi, des options et des demi-groupes dans des matières demandant de la manipulation ou de l’oral devront être supprimés. C’est le cas de la section européenne allemand et de l’option théâtre qui sont destinés à disparaitre.
• La multiplication des groupes en maths et en français implique des professeurs supplémentaires dans ces deux matières. Les enseignant-e-sse demandent où ces enseignant-e-s seront trouvé-e-s puisque des postes sont encore fermés dans les concours et que le métier est de moins en moins attractif.
• Les études montrent que les groupes de niveau ne fonctionnent pas. Sans tête de classe, comment mobiliser des élèves en grande difficulté, voire avec des troubles de l’attention ou du comportement ? Les conditions d’enseignement dans les groupes de niveau risquent d’être très compliquées, avec un nombre d’élèves beaucoup trop important.
• Si la ministre évoque la possibilité de changer de groupe en cours d’année, cela ne pourra se faire qu’à la marge. Comment un élève issu d’un groupe faible pourra-t-il rattraper son retard pour intégrer un autre groupe ?
• La constitution de ces groupes signe la fin du groupe classe qui représentait un cadre rassurant, en particulier pour les élèves de 6e, arrivant du primaire.
• Enfin ces groupes complexifient l’organisation du collège : comment les constituer dès le début de 6e, sans connaître les élèves ? Qui sera professeur principal puisque les professeurs de maths et de français n’auront plus des classes mais des groupes ? Comment faire les emplois du temps compte tenu des contraintes énormes ainsi imposées ?
En présentant cette réforme, la ministre a affirmé la nécessaire « flexibilité » des établissements. Les enseignant-e-s du collège Saint Exupéry d’Ormesson, professionnels de l’éducation en contact tous les jours avec les élèves, entendent « improvisation » et « inégalité ». Or, pour le bien des élèves, iels n’ont pas besoin d’une nouvelle réforme inégalitaire et bancale, mais de moyens supplémentaires. Pour stopper ce projet délétère, iels ont besoin des parents, et de leur mobilisation.
Vous trouverez en pièce jointe l’intégralité de leur lettre.