« Contre les attaques faites à l ?intégration des élèves primo arrivants dans le système scolaire français ! »
Les professeurs ayant en charge les classes d ?accueil (CLA) ? dispositif d ?accueil des élèves nouvellement arrivés en France dans les établissements scolaires de la Seine-Saint-Denis ? sont choqués par la mise en danger organisée de l ?intégration des élèves primo arrivants dans le système scolaire français.
En premier lieu, les résultats d ?affectation concernant les élèves de classe d ?accueil en seconde professionnelle sont incompréhensibles car ils laissent nos élèves les plus méritants sans aucune affectation convenable.
En effet, dès septembre, les règles du processus complexe d ?orientation sont habituellement fixées et énoncées clairement mais cette année celles-ci ont été bouleversées et annoncées de manière confuse, rendant difficile le travail d ?orientation des élèves. Bien pire, les règles évoquées dans la notice technique officielle de l ?Inspection Académique n ?ont pas été respectées, aucune transparence n ?a prévalu dans les affectations.
La notice technique officielle publiée par l ?Inspection Académique prévoyait des coefficients clairs dans le calcul des moyennes des résultats scolaires des élèves retenues pour déterminer les affectations en seconde professionnelle (annexe 3). De plus, ce document déterminait les priorités académiques retenues ; les élèves issus de CLA collège ou lycée devaient avoir autant de chances d ?obtenir un de leurs v ?ux que tous nos élèves de troisième, à condition qu ?ils aient obtenu un avis favorable de la commission départementale (annexe 2). Ce choix est contestable car les élèves ne bénéficiant pas de la bonification se sont vus désavantagés par rapport aux autres élèves malgré de très bons dossiers. En outre, cette règle n ?a pas été respectée pour les élèves venant de CLA collège puisqu ?ils n ?ont délibérément pas fait l ?objet d ?une étude en commission malgré la procédure annoncée. Ainsi, tous les élèves provenant d ?une classe d ?accueil de collège ont obtenu un « malus » les faisant passer après tous les élèves de troisième classique.
Ce choix arbitraire et scandaleux est lourd de conséquences puisqu ?il empêche l ?affectation de nombreux élèves et entraîne leur intégration sur liste d ?attente à des rangs très éloignés qui ne leur laissent aucune chance d ?intégrer une seconde professionnelle faisant partie de leurs v ?ux.
Que le fonctionnement complexe de la procédure d ?orientation entraîne la non-affectation de certains élèves n ?est en soi pas surprenant mais qu ?elle aboutisse au fait qu ?un élève ayant travaillé pour finaliser son projet professionnel, avec d ?excellentes moyennes, en tenant compte des coefficients choisis, ne se voit pas affecté alors même que des élèves de troisième ordinaire, absentéistes, avec des moyennes catastrophiques, obtiennent leur premier v ?u remet durement en cause la confiance que l ?on peut avoir en notre système scolaire. Bien plus que la perte de confiance, c ?est le travail de sape des valeurs essentielles qui est choquant : l ?effort, le travail, la persévérance, le respect des valeurs et du principe d ?égalité des chances de notre système scolaire en général.
Face à cette situation, l ?ensemble des professeurs de classe d ?accueil, soutenus par les équipes pédagogiques de chaque établissement, choisissent de réagir et de dénoncer ces pratiques dangereuses, l ?absence de règles transparentes et le choix de priorités obscures qui vont à l ?encontre de toute logique pédagogique et civique.
Nous souhaitons que les affectations se fassent dans le respect des règles annoncées, que tous les élèves sortant de CLA aient la possibilité de jouir d ?une bonification au regard de leurs résultats ainsi que de leur motivation et que les coefficients prévus soient respectés.
Cette campagne d ?affectation qui a lésé un grand nombre d ?élèves issus de CLA s ?accompagne de la remise en cause par l ?Académie du dispositif même de la classe d ?accueil.
Cette année, un pôle expérimental est mis en place ça et là, encore une fois en l ?absence de toute transparence et de tout texte officiel, qui remet en cause le cadrage des CLA affirmé dans le BO n°10 du 25 avril 2002. Au lieu des 26 heures d ?enseignement qui permettent actuellement aux primo arrivants de bénéficier « de douze heures de français, mais aussi des heures spécifiques dans les principales disciplines, afin de permettre aux élèves de s’approprier le langage des consignes scolaires relatives à chacune des disciplines, langage qui ne saurait être enseigné indépendamment d’une pratique de la discipline elle même. » , ce nouveau pôle d ?accueil substitue 20 heures d ?enseignement ? dont 16 heures de français et 4 heures de projet scientifique et de culture humaniste, les élèves étant directement parachutés dans les neuf autres matières sans aucune préparation et au beau milieu de l ?année pour certaines d ?entre elles. De plus, quelques disciplines peuvent être tout bonnement rayées des emplois du temps des élèves afin de faciliter la mise en place de ce lourd dispositif difficilement réalisable. Impossible, dans ces conditions, de préparer efficacement les élèves aux enseignements dispensés dans les principales matières des classes banales comme le préconise pourtant le B. O. n°10 du 25 avril 2002. Comment l ?adaptation par un enseignement faisant le lien entre le Français Langue Etrangère et le français en tant que langue de scolarisation, la mise à niveau des compétences dans l ?ensemble des disciplines, l ?apprentissage des règles, la familiarisation au système scolaire français et l ?intégration peuvent-ils réussir dans de telles conditions ?
Ce dispositif expérimental devrait être généralisé d ?ici la rentrée 2011 même si rien n ?est clairement affirmé. Nous ne pouvons accepter ce démantèlement de la classe d ?accueil pour des raisons purement économiques.
L ?ensemble des décisions opaques et injustifiées pris par l ?Inspection Académique, que ce soit au niveau de l ?orientation des élèves ou du dispositif même de la classe d ?accueil, nous inquiète et nous scandalise car il sacrifie toute chance d ?intégration et de réussite des élèves étrangers arrivant en France.