Posture médiatique
En mai, dans les scories des « états généraux de la sécurité à l ?école », J.M Blanquer, maintenant à la DGESCO, s ?employait à tenter de faire subir à la France entière ce qu ?il avait fait à Créteil lorsqu ?il y était recteur.
Posture médiatique
En mai, dans les scories des « états généraux de la sécurité à l ?école », J.M Blanquer, maintenant à la DGESCO, s ?employait à tenter de faire subir à la France entière ce qu ?il avait fait à Créteil lorsqu ?il y était recteur.
Ainsi il vantait, dans « la Croix », la mise en place de « préfets des études » dans une centaine de collège l ?année prochaine. Ce dispositif est scandaleux. C ?est d ?abord un gadget médiatique, au service d ?un gouvernement qui se soucie de répondre aux micros et pas aux difficultés. C ?est ensuite une nouvelle tentative de « tenir en laisse » les CPE et d ?en faire les outils des directions pour mieux circonvenir les résistances enseignantes. C ?est un nom, enfin, qui fleure bon le XVIIe siècle et les collèges jésuites, si suranné que même dans la Croix, il parait déplacé.
Mais la malhonnêteté ne prend toute sa mesure qu ?après le sous-titre où la prétention le dispute au ridicule (« une sorte de super-CPE », avec ou sans cape ?). En effet notre ancien recteur justifie ce dispositif par une expérimentation menée récemment par quatre collèges de l ?académie de Créteil qui se sont dotés de ?responsables des études ??.
Imposture intellectuelle
Or, il se trouve que le « responsable des études », expérimenté à Créteil, nous le connaissons bien. Ce dispositif, initialement destiné à une huitaine d ?établissements de l ?académie et finalement mis en place dans quatre, était apparu en septembre 2009. Son objectif explicite était de prendre en charge l ?orientation des élèves de manière à cantonner les COPsy en CIO. Pour ce faire, il devait se charger d ?une cohorte suivie sur deux ans (quatrième puis troisième) et pour ce faire disposer de l ?autorité « d ?organiser le travail des professeurs principaux » (rien que ça).
Dans la pratique, ce sont donc quatre établissements qui ont « expérimenté », avec des contractuels ayant reçu une formation de trois jours ! Parmi ces collèges, le dernier en date, le collège Jean Macé de Fontenay sous bois, a vu arrivé son « responsable » en avril ! Cela n ?empêche visiblement pas le ministère de considérer qu ?il fasse partie de l ?expérience. L ?évaluation de ce dispositif, confié à prix d ?or à un organisme extérieur, n ?a débuté que dix jours avant l ?interview, mais ça n ?empêche pas la DGESCO d ?en tirer des leçons visiblement !
C ?est sur ces bases que le ministère justifie le déploiement des « préfet des études ».
Oui au suivi de cohorte, non au préfet des études !
Ce que la réalité du terrain nous montre, c ?est qu ?un CPE par niveau en collège (quatre par établissement en tout) permet, évidemment, un meilleur suivi des élèves, une meilleure politique de prévention. Si le ministère veut honnêtement tirer les leçons de cette expérience, il ne lui reste qu ?à recruter des CPE, tous ceux qui ne l ?ont pas été ces huit dernières années avec la réduction du nombre de postes au concours. Tout le reste, la rhétorique d ?Ancien Régime, le recours aux personnels précaires et non formés, la caporalisation des collègues, l ?élimination des COPsy, ce n ?est pas le bilan de l ?expérience, c ?est le préjugé, c ?est l ?objectif profond d ?une politique de casse du service public.
Si pour le ministère, expérimenter c ?est écrire le bilan avant la fin de l ?expérience, alors il est facile de comprendre pourquoi nous sommes méfiants à l ?annonce de la multiplication des expérimentations.
Aujourd ?hui, le préfet des études est apparu au BO (du 15 juillet) sur le dispositif CLAIR (celui qui permet au chef d ?établissement de valider ou non les nominations de personnel). Ce préfet peut être prof en sous-service ou CPE, mais il est membre de l ?équipe de direction, il coordonne les professeurs, organise les devoirs (y compris à la maison), préside les conseils de classe et organise le planning des salles spécialisées (mais ne travaille pas avec les autres CPE).
Pour « valoriser » ces fonctions, il est prévu un accompagnement des IPR, dans la perspective de l ?accès aux fonctions de direction. On est donc plus prêt de « l ?anti-CPE » que du « super CPE » !!