Collège Jean Moulin - Aubervilliers // Communiqué de presse - 6 mars 2006
Non à l’Ecole pour Pauvres 1e catégorie
Nous, personnels enseignants du collège Jean Moulin d’Aubervilliers, avons décidé, pour la troisième fois cette année, d’occuper notre établissement le 6 mars 2006.
Nous protestons contre une dotation horaire globale scandaleuse fondée sur des prévisions d’effectifs minimisées qui conduisent à une réduction de 62 heures année, à la fermeture de deux classes, et à la suppression de quatre postes.
Nous avons, en AG et à une très large majorité, exprimé le refus de l’application du statut EP1 tel qu’il commence à s’appliquer, c’est-à-dire dans des conditions de passage en force, de précipitation et de chantage :
– financement par redéploiement,
– dotation horaire illégale,
– non respect des prérogatives des commissions permanentes et des conseils d’administration,
– rédaction de fiches de poste dans l’urgence et sans concertation avec les personnels enseignants et de vie scolaire,
– contradictions internes aux textes,
– contradictions entre les interprétations hiérarchiques.
Dans ces conditions, accepter une telle réforme reviendrait à donner carte blanche aux autorités hiérarchiques et à les laisser faire : or « wait and see » ne sera jamais notre devise, et spécifiquement dans la mise en ?uvre d’une dotation inqualifiable et dans l’application d’une réforme qui sera réellement nocive pour l’établissement.
Car, nous avons aussi et surtout exprimé le refus du statut EP1 tel qu’il est défini :
– déréglementation des programmes et des horaires,
– dérogation et transformation du lycée de secteur en lycée de relégation,
– interdiction programmée du redoublement,
– obligation de résultat pour les professeurs référents et pour tous les personnels,
– inspection annuelle,
– contractualisation de 10% de la dotation horaire (près de 100 heures),
– profilage des élèves (module pro en 4e, apprentissage à 14 ans...)
– mise en place de postes à profil sur lettres de mission,
– bourses au mérite
– substitution de personnels précaires et non formés à des enseignants pour des missions d’enseignement (aide au travail personnel, dédoublements...).
Quant à la contrepartie, elle consiste en la dotation complémentaire de quatre enseignants sans mission définie au plan national, sans condition d’expérience, sans connaissance du terrain, condamnés à appliquer sans le moindre recours une politique éducative imposée, et destinés à créer un nouveau corps de contremaîtres pédagogiques...
Toutes ces mesures impliquent la liquidation de l’éducation prioritaire et engagent les établissements « EP1 » dans l’accompagnement d’une misère sociale sectorisée, encadrée et définitive.
Cette réforme si mal nommée « ambition réussite » est l’écho d’une politique de renoncement en matière d’éducation (non remplacement des départs à la retraite, réduction des postes au concours, développement de la précarité...) et de liquidation des statuts (bivalence, remplacements internes...).
Nous, nous ne renonçons pas, chaque jour, à transmettre des connaissances parfois complexes à des élèves par ailleurs bien souvent privés de repères, et nous ne renoncerons jamais à la lutte pour que tous aient accès à la même culture et bénéficient de conditions d’enseignement correspondant à leurs besoins, et non à leurs moyens ou à leurs talents.
Pour nous, il est nécessaire de mettre tout en ?uvre pour s’opposer au dépeçage de l’éducation nationale et à l’abandon de la mission émancipatrice de l’Ecole par la fondation d’une nouvelle éducation pour les prolétaires, celle qui les maintient à jamais dans le prolétariat !
Nous entendons participer à la construction du rapport de force qui doit aboutir au retrait du projet « ambition réussite » et à la complète renégociation de la réforme de l’éducation prioritaire.