Comme vous le savez, nous nous sommes rendus aujourd’hui (vendredi 23 mars) au rectorat afin de protester contre la suppression des postes d’une part, et d’argumenter en faveur de points discutés entre nous tous d’autre part (maintien agence comptable, maintien poste secrétariat élève, récupération des 54h ZEP / sensible perdues, de postes et limitation des classes). Nous sommes allés à Créteil grâce au bus gracieusement prêté par la mairie, une quinzaine d’élèves, quelques parents d’élèves, et une vingtaine de professeurs au total. La délégation était composée de volontaires : une représentante des parents d’élèves), un CPE et 4 professeurs. Le proviseur était présent lors de cet entretien.
Notre courtoisie de l’an passé n’ayant pas porté ses fruits, et ayant été traités par un mépris surprenant à la fois l’an dernier (aucune réponse malgré les relances, et résultat négatif sur l’ensemble des demandes) et cette année (non réponse à nos courriers, suppressions supplémentaires), nous avions décidé d’adopter dès le début un ton plus véhément, frisant par moments une hostilité explicite. L’entretien a donc été houleux, nos interlocuteurs s’estimant par moments directement attaqués par une supposée violence de nos propos (« saccage de l’éducation », « taillader les postes » etc...), voire menacé. Quant à nous, nous avons peu apprécié le ton tantôt légèrement condescendant (on nous « écoute », on nous « explique »), tantôt cassant mais toujours bureaucratique de nos interlocuteurs, et certains gestes nous ont exaspéré (lever les yeux au ciel quand nous nous exprimions) - ce que nous leur avons fait remarquer.
Sur la forme, nous avons eu le vif plaisir d’entendre la plainte teintée d’indignation du représentant du Rectorat, extrêmement nerveux, qui nous a dit n’avoir jamais vu un entretien se dérouler ainsi en 7 ans au rectorat (ce que nous avons pris pour un compliment, puisque la méthode polie est manifestement condamnée à l’échec). Le proviseur est intervenu plusieurs fois, en étant de notre côté, insistant sur la charge supplémentaire de travail induite par la réforme, les travaux et les baisses des effectifs administratifs. Il semblait lui aussi par moment exaspéré par nos interlocuteurs. Nous avons précisé que les surveillants étaient parfois employés à des tâches administratives, ce qui était l’indice d’un dysfonctionnement grave, ie d’un sous-effectif. Le mécontentement des parents a été exprimé avec vigueur.
Sur le fond :
– nous avons eu le regret et la colère d’entendre nous dire non concernant le maintien de l’intendance et le maintien du poste
secrétariat élève. Selon le Rectorat, les agents restants peuvent sans pb se répartir le service du secrétariat élève, car les agents administratifs sont polyvalents. Par ailleurs, la suppression est une mesure d’équité, car si nous trouvons cela injuste, « d’autres trouvent cela injuste aussi ailleurs ». Nous avons bataillés 40 minutes à ce sujet, en vain.
– concernant les postes d’enseignants, le Rectorat, mal à l’aise, nous a récité ses chiffres et nous a informé de la baisse démographique pour justifier les suppressions de postes, de divisions et la non ouverture d’une 11e seconde, arguant qu’on pourrait toujours redonner des moyens plus tard dans l’année (= quelques HSE). Nous lui avons opposé nos chiffres (il ignorait le passage de 40 divisions à 33...) ainsi que la remontée démographique d’ici 2 ans (les montants étant en 5e), ce qu’il n’a pas contesté. Nous l’avons également informé que les HSE ne nous intéressaient pas, car nous ne voulions pas d’heures supplémentaires, mais travailler dans des conditions structurellement bonnes, ce qui nous semblait raisonnable (comme l’intégralité de nos demandes d’ailleurs), et qu’aller contre cette requête nous semblait relever d’une position extrémiste malsaine. Il a alors fait valoir à son tour une conception à la fois inédite et surprenante de l’équité, consistant à appliquer les règles votées par la nation, les députés et le Parlement et venant du minsitère. Cette ignorance manifestement encyclopédique au niveau politique ainsi que sa conception particulièrement mutilée de la démocratie nous ont fait réagir vivement, et nous sommes devenus plus agressifs.
Nous n’avons pas eu de réponse clairement négative sur les postes et la DHG, la réponse devant venir selon lui avant les vacances de Pâques (comme l’année dernière, en somme, mais il n’avait pas conscience du caractère involontairement malicieux de sa réponse, compte tenu précisément des suites, ou plutôt des non suites, du rdv de l’an passé).
Nos interlocuteurs ont alors décidé unilatéralement de la fin de l’entretien.
Outrés par cette fin de non recevoir, et encouragés par les cris et le bruit des parents, des collègues et des élèves (qui duraient depuis plus d’une heure déjà, et que l’on entendait fort bien, les représentants du Rectorat ayant déploré leur absence de calme), nous avons opté pour une malpolitesse modérée en décidant de rester dans le bureau pendant plus d’une demi-heure, surveillés par nos interlocuteurs qui se relayaient, et avec qui nous avons tenté de continuer la discussion en
la déplaçant sur un terrain plus personnel (le succès a été mitigé...). Pendant ce temps, les événements se sont accélérés dehors : départ des élèves pour le bus (il était déjà presque 18h), blocage des entrées du rectorat suivie d’une intervention musclée de policiers en civils (qui ont plaqué un professeur au sol avant de procéder à un contrôle d’identité). La représentante des parents d’élèves n’a pas pu sortir du rectorat pendant une quinzaine de minutes, pour des raisons obscures (elle avait quitté la pièce peu après la fin de l’entretien). Quant à nous, nous avons eu la surprise de voir monter un commissaire divisionnaire (!!) et 2 agents des renseignements généraux (!!), avec qui nous avons échangé des propos au demeurant très courtois, et nous avons profité de cette occasion inespérée pour leur remettre un petit dossier constitué des motions du CA, lettres au rectorat, évolution de la DHG, lettre de nos revendications. Ayant appris que leur intervention ferait l’objet d’un rapport au préfet et au ministère (tentative d’intimidation de la délégation ?), nous leur avons fait part de notre joie d’avoir affaire à des personnages éminents, plus à même de prendre des décisions que nos interlocuteurs. Nous avons alors décidé de quitter les lieux dans le calme et non sous la contrainte de la force, ne voyant plus
quoi obtenir d’autre.