Alors que les programmes ne sont parus au BO que le 25 juin, l’Education Morale et Civique doit se mettre place dès cette rentrée. Ce nouveau programme s’inscrit dans le dispositif « Grande mobilisation de l’’école pour les valeurs de la République » lié aux attentats de janvier 2015.
La mise en place dans l’urgence de l’EMC met les enseignants face à de nombreuses difficultés qui, pour certaines, préfigurent celles que provoquerait la réforme.
Dans les lycées, l’Education morale et civique doit s’adresser à toutes les séries, à tous les niveaux, en effectifs réduits, sans que les horaires dédiés n’aient été prévus dans les DHG pour les séries technologiques qui jusque là n’avaient pas d’éducation civique.
Ainsi, en fonction des académies et des établissements, les situations divergent. Certains élèves auront EMC, d’autres non, faute d’horaires dédiés, certains suivront l’ancien programme d’ECJS, d’autres un semblant d’EMC. Dans de nombreux cas, l’EMC, censé être une enseignement transdisciplinaire, sert de variable d’ajustement pour compléter les services, là d’un stagiaire de SVT, ici d’un titulaire de SES, en passant bien sûr par le collègue d’histoire-géographie.
En collège, là aussi la mise en place de l’EMC ressemble à du bricolage local, d’autant plus au regard de l’absence de repères annuels et des précisions tardives sur les contenus possibles de l’épreuve du brevet en EMC.
Certains inspecteurs y sont allés de leurs conseils pour que les équipes se réunissent dans les collèges pour la répartition des thèmes du cycle 4 (5è,4è et 3è) et au sein du conseil école-collège, avec les enseignants du primaire, pour la répartition des thèmes du cycle 3 (CM1, CM2, 6e) ; laissant les enseignants déterminer au niveau local ce que leurs élèves devront suivre comme enseignements, y compris en 3e dans la perspective du brevet.
Là aussi, les enseignants, d’histoire-géographie le plus souvent, décident au niveau local du contenu de leurs enseignements ; certains en restent à l’ancien programme d’éducation civique, d’autres se sont répartis les thèmes d’EMC sur les différents niveaux de chaque cycle.
Les incohérences et les inégalités que provoque la mise en place de l’EMC dans l’urgence -et alors que les contenus du programme eux-mêmes posent question- pourraient annoncer ce à quoi ressemblerait la mise en place de la réforme du collège cette année et à la rentrée 2016.
Des Programmes publiés au dernier moment, une répartition des enseignements en fonction des contraintes locales , une diminution des horaires disciplinaires ou des enseignements non pourvus ??
Pour l’heure, au regard du programme d’EMC et des précisions tardives pour l’épreuve du brevet, la position qui semble la plus adéquate est de dispenser l’ancien programme d’éducation civique qui, tout en étant plus clair et plus cohérent, permet d’aborder les grands thèmes d’éducation morale civique.