Mercredi dernier, une élève de Terminale S du lycée Jean Vilar, Kokoé Ajavon, s’est rendue à une convocation de la gendarmerie, croyant bien faire et respecter le droit français. Mais, hélas pour elle, elle s’est retrouvée en garde à vue, puis au centre de rétention du Mesnil-Amelot, sans pouvoir retourner chez elle, le passeport confisqué, et sans doute la peur au ventre.
Le lycée est alors prévenu rapidement et le professeur principal de la classe de Kokoé, Steve Lajus, prend en charge un collectif réunissant toutes les bonnes volontés pour aider cette élève à se sortir d’affaire.
Le jeudi, la nouvelle se répand : les camarades de classe de Kokoé rédigent une lettre de soutien, font signer une pétition dans les couloirs, affichent un peu partout des messages de rassemblement pour l’après-midi devant le palais de justice de Meaux. La mobilisation s’organise aussi du côté des professeurs et de l’administration. Un cortège se crée donc à la récréation, après une AG extraordinaire, et se rend au tribunal, même si dans le même temps, nous apprenons que Kokoé ne sera jugée que le lendemain. Brigitte Cerf du RESF 77 nous rejoint et nous aide à comprendre la situation : nous rédigeons une lettre faxée au ministère de l’immigration, sous couvert de l’établissement, à laquelle nous joignons la lettre de soutien des élèves.
Sur le parvis du tribunal, la motivation est à son maximum malgré le froid, les banderoles clamant le droit pour Kokoé de poursuivre ses études et d’avoir le bac, de se voir donner des papiers, fleurissent dans les mains des quelques deux cents personnes rassemblées, qui crient leur soutien en autant de solgans et de chansons destinés à Kokoé.
Le vendredi matin, un nombre plus important d’élèves et de professeurs part du lycée à 8.45 pour se rendre devant la palais de justice et attendre de pied ferme la décision du juge : deux heures sous le froid et la pluie, sans jamais que la motivation ne baisse. Les élèves font preuve de retenue, savent être calmes mais décidés ; et c’est dans cette ambiance que nous accueillons la décision favorable du tribunal : Kokoé est libérée et se voit accorder un sursis pour poursuivre ses études en France. Le soulagement est général, même si une épée de Damoclès semble toujours planer sur cette élève à la scolarité pourtant irréprochable. Un groupe d’élèves décide de maintenir le rassemblement prévu devant la mairie de Meaux. La plupart rentre au lycée pour annoncer la bonne nouvelle et reprendre les cours.
Cet exemple montre que la mobilisation n’est pas vaine dans ce genre de situation et qu’il faut rester vigilant, surtout en cette période, et militer pour que des enfants puissent continuer à étudier sereinement en France. L’Education est aussi tournée vers eux.