Le ministère devait dévoiler fin janvier les grandes lignes de sa nouvelle réforme. L’actualité marquée par le double attentat de Paris l’a contraint à en repousser l’annonce, mais des informations ont filtré qui nous font craindre le pire, si elles devaient se confirmer. Au c ?ur de ce projet, de très grands dangers pour l’avenir des enseignements du second degré et pour notre profession : la modularité des programmes et des apprentissages ; la transversalité de l’enseignement et de l’évaluation des élèves...
Pour vous aider à animer une heure d’information syndicale sur le sujet, une circulaire, des tracts et des affiches sont téléchargeables ici :
http://www.creteil.snes.edu/IMG/pdf... et là : http://www.creteil.snes.edu/IMG/pdf...
Les disciplines du tronc commun amputées de quatre heures modulaires
La réforme s’attaquerait d’emblée au cadre disciplinaire des enseignements pour lui substituer une organisation modulaire. Le projet supprimerait quatre heures d’enseignements disciplinaires obligatoires, pour leur substituer 4 heures d’enseignements modulaires hebdomadaires, sur des créneaux communs à chaque discipline. Ces quatre heures « d’enseignements complémentaires » seraient conçues sous la forme de huit modules semestriels ou annuels, alliant projets et accompagnement des élèves sur des thématiques pluridisciplinaires. Par exemple, en cinquième, les élèves n’auraient plus que 21h30 de « tronc commun » ? contre 25h30 heures actuellement ? et 4 heures seraient réservées pour mettre en place des enseignements modulaires, axés sur des projets transversaux. Ces projets seraient décidés de manière managériale par le Conseil pédagogique, à l’initiative du chef d’établissement et inscrits dans le projet d’établissement. L ?enseignement de la LV2 dès la classe de 5e serait également prévu, en rognant sur les moyens dévolus initialement à la LV1.
Les horaires disciplinaires globalisés par pôles pluridisciplinaires
Pour dégager des heures d’enseignement modulaire, le projet ne définirait plus le temps d’étude du tronc commun selon des maximas horaires pour chaque discipline. Il se contenterait d’allouer des horaires globalisés par pôles disciplinaires (ex : Pôle Sciences, Arts, Langues etc) dont le choix dépendrait de l’autonomie de l’établissement. Cela opacifierait le fait de retirer des heures, mais le temps d’étude consacré à chaque discipline serait diminué d’autant. Par exemple, le pôle scientifique regrouperait la SVT, la Physique-Chimie et la Technologie. Le temps d’étude consacré à chacune de ces disciplines serait regroupé en un pôle scientifique indistinct ? à l’instar de ce qui se pratique déjà dans certains établissements avec l’EIST - avec un programme qui aborderait sous différents angles des notions communes (ex : les sciences techniques et la société, le développement durable). Cela multiplierait à coup sûr le nombre de classes par enseignant, de copies à corriger, de bulletins à remplir, de réunions pédagogiques et de conseils de classe auxquels assister.
La transversalité, faux-nez de la polyvalence
En situation de pénurie de personnel, la transversalité des enseignements dispenserait l’administration du remplacement des absences, l’acquisition de certaines notions par le biais d’un champ disciplinaire voisin pouvant à l ?occasion servir de justification en ce sens. Ou tout simplement, cette transversalité serait une pression supplémentaire exercée sur les personnels pour obtenir d ?eux le remplacement des enseignants manquants d’une autre discipline, à l’interne, sur des créneaux communs. Et l’on voit ressurgir le spectre de l’enseignement polyvalent au collège dans la continuité de l’école primaire, alors qu’il devrait être le lieu de l’entrée en discipline, pour préparer les élèves à la poursuite d’étude au lycée. Dans les zones où le recrutement est structurellement déficitaire ? zones rurales enclavées, zones d’éducation prioritaires difficiles ? les enseignants d’une discipline voisine seraient ainsi invités dans le cadre des enseignements transversaux à pallier les manquements de l ??tat à ses obligations. Il s’agirait par là de réintroduire la polyvalence en collège ? comme au temps des PEGC - en douceur, de manière locale, en contournant l’affrontement avec la profession sur un sujet sensible à l’échelle nationale.