Dans le cadre des circulaires et des décrets l’application de la loi Fillon, il est aujourd’hui demandé aux professeurs principaux de proposer aux chefs d’établissement une note de vie scolaire
Que ce soit en tant que professeur principal, CPE, assistant d’éducation ou professeur de la classe, nous déclarons que notre conscience, notre éthique et notre formation professionnelle ne nous permettent pas de chiffrer le comportement d’un élève pour établir une note, qui de plus interviendrait dans le contrôle continu et l’obtention du Diplôme National du Brevet.
Notre formation d’enseignant nous a appris le principe essentiel que l’on ne pouvait évaluer que les savoirs et les savoir-faire enseignés, et ce indépendamment du comportement de l’élève. Nous considérons que les écarts de comportement sont déjà punis ou sanctionnés dans le cadre d’un dialogue éducatif avec l’enfant.
L’équipe de vie scolaire prenant également en compte ces écarts de conduite, rajouter une note de vie scolaire correspondrait à nier son travail : étant donnée cette mesure et les réductions très importantes de poste au Concours de CPE depuis plusieurs années, les professeurs principaux seraient-ils en train de remplacer progressivement les CPE ? Cette note mène donc à un système de double sanction.
Il nous semble inconcevable également d’évaluer un comportement par une note qui suivra l’élève dans toute sa scolarité alors qu’hier encore on nous interdisait de notifier tout avertissement sur le bulletin.
Cette note de vie scolaire non seulement devrait compter dans la moyenne de l’élève, mais encore à coefficient égal avec les disciplines enseignées. Que penser alors de la valeur accordée par notre institution aux enseignements dispensés à l’école ?
Toute note juste nécessite des critères objectifs. Quelle objectivité pourra présider à l’évaluation notée d’un comportement dont les causes profondes relèvent de la situation personnelle de l’élève, de son parcours et de sa vie privée ?
Parallèlement, cette note dévoie le sens du « bon comportement » naturellement attendu des élèves, et le sens de toute participation volontaire à la vie du collège : ateliers, UNSS... Elle pervertit même l’engagement citoyen de délégué.
Au lieu d’apprendre à vivre ensemble, les élèves en seront-ils réduits à attendre et rechercher une récompense chiffrée pour tous les actes qui les aident à se construire aujourd’hui ?
Pour toutes ces raisons, nous ne participerons pas à l’élaboration de la note de vie scolaire.
Collège Fabien, Montreuil 93