Nous, les signataires de la présente lettre, affirmons notre opposition au programme C.L.A.I.R.
Les raisons de cette opposition sont nombreuses. Nous n ?en mentionnerons que quelques-unes.
Tout d ?abord, si la transformation de tous les postes en postes à profil est censée assurer à nos élèves la présence d ?enseignants motivés car ayant délibérément choisi d ?exercer dans un établissement difficile, la conséquence de cette décision sera tout autre, comme vous semblez déjà en faire l ?expérience : les personnels intéressés par ce type de poste seront principalement des personnels précaires (contractuels par exemple) attirés, bien légitimement, par la promesse d ?un contrat de trois ans leur assurant la stabilité relative de leur emploi. Que beaucoup de ces personnels fassent dans les faits du bon travail n ?est pas mis en doute mais rien ne garantit que ce soit le cas. Les concours de l ?enseignement sont justement censés garantir une compétence minimum que l ?on ne peut sans cela qu ?espérer et, plus important encore, sont censés garantir que cette compétence minimum est également partagée par les enseignants exerçant sur l ?ensemble du territoire (qu ?il ne la garantisse pas toujours est un autre problème).
Ensuite, la lettre de mission est soit inutile (si elle recoupe les missions habituelles de l ?enseignant) soit illégitime, si elle impose à l ?enseignant des missions qui ne sont pas les siennes. Il nous sera sans doute objecté que cette lettre de mission sera rédigée par le principal en concertation avec l ?enseignant. Nous répondrons qu ?en cas de désaccord, le rapport de force sera largement à la défaveur de celui-ci qui sera donc à l ?avenir beaucoup plus soumis à sa hiérarchie qu ?il ne l ?est à présent.
Enfin, les craintes sont grandes que, si le programme C.L.A.I.R. venait à se généraliser, le nombre de personnels titulaires en vienne à se réduire à peau de chagrin suite à la réduction du nombre de postes au concours et que les ultimes conséquences de cette possible réforme ne soient que la précarisation de toute une profession. Il va de soit que cette précarisation ne se ferait pas à l ?avantage des élèves des établissements les plus difficiles.
Bien évidemment, la première conséquence immédiate de notre prise de position est que chacun d ?entre nous se refusera à signer la lettre de mission que vous lui soumettrez dans les prochains jours.
Il convient de plus que nous parions à une objection, objection qui consisterait à nous demander pourquoi notre opposition se manifeste seulement maintenant alors que nous sommes au courant que nous rentrons dans le programme C.L.A.I.R. depuis la fin de l ?année dernière. La réponse est candide au vue de la façon dont on nous a annoncé que nous rentrions dans ce programme : il fallait attendre qu ?un texte dise précisément (si tant est que ce texte soit précis, ce qui est un autre problème) en quoi consiste ce programme et que nous nous concertions sur une décision commune.