Des mesures d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis
L’agression violente de deux personnels de direction au lycée l’ENNA de Saint-Denis jeudi 13 octobre 2016 est révélatrice d’une situation de tension majeure sur le département depuis la rentrée. Les lycées Suger de Saint-Denis, Moulin du Blanc-Mesnil, Boucher de Tremblay-en-France ont tous connu des intrusions, des agressions verbales et physiques. Les personnels et les élèves sont victimes de ces violences. Certains enseignant-e-s, particulièrement à l’E.N.N.A., ne peuvent s’exprimer dans ces moments difficiles, sous prétexte du devoir de réserve, mais nous ne pouvons passer sous silence la question criante des moyens de notre département que révèlent ces événements. Contrairement à ce que nous affirme la ministre, la situation dans le second degré dans le 93 est loin de s’être améliorée et les 9 mesures n’ont rien réglé pour nous.
Si nous écrivons cette tribune en qualité de secrétaires départementaux de nos organisations syndicales, c’est parce que nos organisations portent depuis 2013 la volonté d’un investissement bien plus importants de la puissance publique dans notre département, par l’intermédiaire d’un plan de développement de l’éducation pour la Seine-Saint-Denis.
La Seine-Saint-Denis souffre d’un déficit structurel de moyens pour le service public d’éducation. Pour plus de 4 000 élèves supplémentaires à cette rentrée dans les collèges et lycées, l’Etat n’a, par exemple, ouvert aucun poste de CPE ou d’assistante sociale dans ces établissements. Si les moyens alloués à l’éducation ne régleront pas l’ensemble des problèmes sociaux dont l’école est le réceptacle, ils sont un préalable pour permettre la réussite de tous et toutes en permettant l’existence d’un cadre serein pour les apprentissages. Nous demandons des mesures d’urgence pour la Seine-Saint-Denis en personnels d’éducation, d’enseignement et santé-sociaux.
A plus long terme, nous exigeons un plan de développement de l’éducation en Seine-Saint-Denis pour rattraper les suppressions de postes de 2002 à 2012 et faire face à la hausse démographique. La centaine de créations de postes en collège depuis 2012 sera annulée par la réforme du collège, les lycées ont perdu des centaines de postes depuis les réformes des lycées de 2009 et 2010. Nous demandons que, contrairement aux annonces de la ministre, les lycées qui en ont besoin soient intégrés au périmètre de l’éducation prioritaire. Les difficultés scolaires et sociales ne s’arrêtent pas à la sortie du collège, pourquoi ne pas prendre en compte cette réalité ? Les lycées doivent avoir les moyens d’accompagner tous les élèves vers la réussite scolaire dans une période charnière vers la poursuite d’étude et l’insertion professionnelle.
Notre jeunesse est notre plus beau patrimoine. L’éducation est une priorité, elle nécessite des moyens. Prenez des mesures d’urgence, madame la Ministre, pour la Seine-Saint-Denis.
Maxime Besselièvre, secrétaire départemental de la CGT Educ’Action 93 ;
Mathieu Logothetis, secrétaire départemental du SNES-FSU 93.