Suite à la construction du collège Nelson Mandela à Champigny-sur-Marne, l’inspection académique a décidé de supprimer 3 classes au collège Molière de Chennevières-sur-Marne. Quatre éléments sont particulièrement troublants dans cette décision : les élèves porteurs de handicap ne sont pas comptés lors des décisions de fermeture de classe, les classes restantes seront surchargées (certaines allant jusqu’à 31), le nombre de surveillants sera diminué au moment où les travaux de désamiantage du collège le rendent particulièrement complexe à surveiller et les élèves de Champigny déjà scolarisés au collège sont invités à le quitter ou à faire des dérogations pour tenter d’y rester.
Les professeurs du collège Molière ont déposé un préavis de grève le 29 juin pour la rentrée de septembre et ont demandé une audience à l’inspection académique, qu’ils ont obtenue le 7 juillet à 18h. Lors de cette audience, ils ont demandé à ce que soient maintenues les trois classes supprimées. Les classes restantes seront en effet surchargées, dépassant notamment 30 élèves en 5e. Ils s’étonnent du mode de calcul établi par l’inspection académique pour ouvrir ou fermer des classes. Il apparaît que les élèves porteurs de handicap inscrits en ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire) ne figurent pas dans les décomptes au moment des décisions d’ouverture ou de fermeture des classes. Les chiffres présentés en audience par l’inspection académique indiquent qu’il y a à ce jour 117 élèves inscrits en 5è pour la rentrée prochaine. D’après l’inspection, il est donc possible de passer de 5 classes à 4 classes pour le niveau 5è (cela ferait 4 classes à 29,25 élèves en moyenne). L’inspection académique omet cependant de compter les élèves porteurs de handicap ayant besoin du dispositif ULIS. Pourtant, les textes sont très clairs : « Les élèves bénéficiant de l’Ulis sont des élèves à part entière de l’établissement scolaire, leur classe de référence est la classe ou la division correspondant approximativement à leur classe d’âge, conformément à leur projet personnalisé de scolarisation (PPS) » (Circulaire n° 2015-129 du 21-8-2015). Le fait de ne pas compter les élèves d’ULIS au moment du calcul des élèves inscrits va à l’encontre même du principe du dispositif et met à mal leur inclusion. Il faut rappeler par ailleurs que ces élèves sont accompagnés, très souvent, d’AESH (Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap) pour les aider à compenser leurs difficultés. Notons en outre que, comme dans de nombreux établissements, le manque d’AESH se fait cruellement sentir : il n’y a que trois postes attribués au collège Molière alors que 11 élèves ont des notifications de la MDPH. Deux d’entre eux ont besoin d’un adulte à temps plein à leurs côtés. Les enfants porteurs de handicaps ne peuvent pas être aidés comme ils le devraient par des adultes, et, dans des classes surchargées, risquent plus que jamais d’être complètement perdus.
Les classes surchargées ne permettront pas, par ailleurs, d’inclure de nouveaux élèves allophones en UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivant). Ce dispositif est pourtant crucial pour l’accueil des élèves arrivant de l’étranger : il leur permet d’apprendre la langue française pendant un an pour pouvoir, ensuite, poursuivre leur scolarité en France. De nombreux élèves ukrainiens arrivent sur notre territoire et sont scolarisés en urgence dans des établissements n’ayant pas de dispositif UPE2A. Noyés au milieu des classes banales, ils ne peuvent assimiler les notions de base. Pendant ce temps, les collèges accueillant des UPE2A voient leurs classes fermer, et donc leur possibilité d’inclusion d’élèves allophones diminuer drastiquement.
Enfin, la décision de supprimer des classes au collège Molière implique d’obliger les enfants de Champigny déjà scolarisés dans l’établissement en 6è et en 5è à quitter le collège pour aller s’inscrire au collège Willy Ronis, qui envoie lui-même des élèves à Nelson Mandela. Certains des enfants devant quitter le collège Molière s’étaient pourtant vus refuser l’inscription à Willy Ronis deux ans plus tôt, malgré leur demande. Ils avaient dû s’adapter à de nouveaux camarades au collège Molière, puis se voient aujourd’hui dans l’obligation de quitter l’établissement. Chose rare et inhabituelle, les élèves de Champigny, pourtant déjà scolarisés au collège Molière, doivent remplir un dossier de dérogation pour pouvoir y rester. Il apparaît que l’inspection académique a particulièrement tardé pour transmettre les dossiers de dérogation. A ce jour, les parents de 28 élèves de 5è et de 4è demandeurs de dérogation ne savent toujours pas où leur enfant pourra être scolarisé à la rentrée. Lors de l’audience du 7 juillet, l’inspection académique n’a pas été en mesure d’indiquer la date où auraient lieu les commissions décidant des dérogations. La situation des enfants des pompiers de la caserne, située juste à côté du collège Molière, est un exemple particulièrement criant de la situation inéquitable des dérogations. Certains enfants entrant en 6è ont eu une dérogation pour pouvoir entrer au collège Molière, tandis que les enfants déjà scolarisés dans cet établissement devront, en 5è, changer de collège. Habitant à 5 minutes à pied du collège Molière, ils devront prendre les transports pour aller dans un nouveau collège dans lequel ils n’ont pas envie d’être scolarisés.
La suppression de classes au collège Molière a donc des conséquences immenses sur la scolarité de tous les enfants de l’établissement :
• Classes surchargées
• Non prise en compte des élèves d’ULIS
• Inclusions impossibles en UPE2A et en SEGPA
• Nombre de surveillants réduit
• Élèves devant changer d’établissement en cours de scolarité
Vous trouverez en pièces jointes les courriers rédigés par les enseignants destinés à Mme la Directrice Académique.
8 juillet 2022