Cher-e-s collegue-s
Les élections présidentielles de ce printemps 2017 revêtent un enjeu tout particulier, en raison de la nature réactionnaire des projets politiques que sous-tendent certaines candidatures - tout particulièrement celles de l’extrême-droite, de la droite et du centre - qui à elles-trois, constituent un redoutable arc de régressions sociales et économiques, pour les salarié-e-s et assuré-e-s sociaux de ce pays.
Compte-tenu de la responsabilité qui est la nôtre – celle d’un syndicat de transformation sociale – il nous est apparu indispensable de rappeler à nos sympathisant-e-s, adhérent-e-s et militant-e-s quels sont nos mandats, et au-delà de l’Éducation, à quel projet de société la FSU et ses syndicats sont attachés.
La progression de l’extrême-droite, présentée à tort comme inéluctable, est le produit d’une politique, menée avec une rigueur implacable depuis trente ans dans notre pays. Cette politique a un nom, le néo-libéralisme et une finalité, la destruction de l’État social pour accroître les dividendes prélevés par les tenants du capital et réduire la part des richesses socialisées (la fonction publique ; la protection sociale). Ce projet de société, défendu par plusieurs candidat-e-s à l’élection présidentielle, nous semble contraire aux mandats adoptés par les adhérent-e-s du SNES-FSU lors de son dernier congrès. Soutenir de tels projets reviendrait à scier la branche sur laquelle notre profession est assise.
A travers les attaques contre les fonctionnaires et contre le financement de la protection sociale (santé, retraite, allocations familiales), c’est la part de la richesse produite qui est consacrée à la satisfaction de besoins sociaux, essentiels pour assurer la solidarité et la justice sociale, qui est visée. Ces besoins de financements ne sont pas des coûts, des « charges », ou un fardeau qui écraserait de son poids notre société. Ce sont des investissements vitaux pour assurer l’égalité, promouvoir la justice sociale, assurer la transition écologique indispensable.
C’est pourquoi, en tant que syndicat, le SNES-FSU Créteil récuse les attaques portées contre la fonction publique – la réduction du nombre de fonctionnaires, les attaques contre ses statuts – et celles contre la protection sociale, dans les programmes des candidat-e-s à l’élection présidentielle. Il dénonce la privatisation des services publics. Il rappelle son attachement à un financement majoritaire de la protection sociale par cotisation, contre toutes les dérives qui consisteraient à étatiser son financement en le fusionnant avec l’impôt sur le revenu, pour en exonérer totalement le capital.
Remettre en cause la participation du capital à la réparation des dommages causés à la santé des salarié-e-s par le travail, cela revient à faire assumer aux seul-e-s salarié-e-s les financements sociaux, c’est remettre en cause 150 ans de luttes politiques et syndicales dans notre pays ! C’est dans le cadre de cet affrontement séculaire entre le salariat et le patronat, ce conflit de répartition des richesses entre travail et capital, qu’est né le syndicalisme il y a plus d’un siècle. C’est grâce aux efforts constants et conscients du mouvement social dans cette direction, qu’ont été conquises les libertés syndicales que les tenants du libéralisme cherchent aujourd’hui, comme il le cherchaient hier et avant-hier, à abattre. Voilà donc la modernité vers laquelle les réformateurs nous conduisent.
Face à l’explosion des inégalités et des injustices sociales, notre profession est plus que jamais en première ligne. Nous, personnels de l’Éducation nationale syndiqués, connaissons le rôle fondamental de celle-ci dans la reproduction des inégalités et des hiérarchies sociales. Nous savons que la démocratisation de la société, passe d’abord par la démocratisation de l’École, laquelle serait permise par l’extension de la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, une autre réforme du collège qui privilégie la baisse des effectifs par classe et le travail en petits groupes, un lycée s’appuyant sur ses trois voies (générale, professionnelle, technologique) et un baccalauréat national et anonyme, premier grade universitaire. Ce n’est pas par l’empilement de contre-réformes – comme celles des lycées de Chatel et du collège 2016 - qui chacune accélèrent la territorialisation des diplômes, réduisent les moyens, accroissent l’autonomie des établissements pour les mettre en concurrence le secteur privé, que nous pouvons atteindre un tel objectif.
Construire l’école démocratique est un combat contre la privatisation du service public, contre la destruction des solidarités instituées, pour plus d’égalité et justice sociale. Nous t’appelons, cher-e collègue, à prendre connaissance des programmes des candidat-e-s aux élections présidentielles et législatives, et à exprimer, par ton vote, ton attachement aux valeurs qui sont les nôtres, afin que les impasses électorales présentes ne préparent les régressions sociales futures.