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Cette année a été lancé le statut d’« étudiant.e.s contractuel.le.s alternant.e.s » (ECA), ouvert aux étudiant.e.s en deuxième année de master MEEF qui n’avaient pas eu le concours en M1.
Le SNES-FSU Créteil a lancé une enquête à destination des ECA de l’académie, afin de faire un bilan de cette première année de dispositif. Cette enquête, lancée mi janvier, vient d’être clôturée. 32 ECA y ont répondu. C’est un chiffre assez représentatif compte-tenu qu’il y a 67 ECA (hors EPS et 1er degré) dans l’académie. Voici les grandes lignes qui en ressortent.
1. LE PROFIL DES RÉPONDANT-ES
Sur les 32 répondant.e.s à l’enquête, 18% étaient des CPE, 22% étaient en anglais et 25 % en histoire-géographie. Le reste se divisait entre éco-gestion, éducation musicale, allemand, SVT, mathématiques et espagnol.
Pourquoi ont-ils.elles décidé de devenir ECA ? A la fois pour obtenir la rémunération de 722€ net/mois, pour découvrir le métier, et parce-qu’ils.elles pensaient que cette expérience serait bénéfique pour l’obtention de leur concours.
2. AFFECTATION ET PRISE DE POSTE
Ici, force est de constater que les ECA n’avaient pas été informé.e.s correctement de leurs conditions de prise de poste. Plus de la moitié d’entre eux n’ont appris qu’à la rentrée le nombre d’heures hebdomadaires qu’ils effectueraient ! Ce chiffre est encore plus haut chez les ECA-CPE (affecté.e.s 12h/semaine) puisqu’il monte à 65 %.
Lors de la pré-rentrée des ECA (les 25 et 26 août), nous avions découvert qu’ils et elles n’étaient même pas au courant de leur établissement d’affectation, alors même que la rentrée était dans une semaine. Cette affectation chaotique se confirme dans l’enquête : seul 1 ECA était au courant de son affectation avant la pré-rentrée ! Tou.te.s les autres l’ont appris lors de la pré-rentrée, en signant leur contrat.
Ces affectations tardives ont logiquement perturbé leur rentrée : 73 % des ECA expliquent que la date de leur affectation « ne [leur] a pas permis de préparer la rentrée sereinement ». Moins de 20 % d’entre eux estime qu’avoir eu « juste assez de temps pour préparer la rentrée ».
Pire encore : 1 ECA sur 4 n’avait pas de tuteur.trice à son arrivée dans l’établissement.
3. LES CONDITIONS DE TRAVAIL
La promesse du rectorat d’affecter les ECA dans des établissements proches de leur domicile n’est pas remplie : 75% ont plus de 30 minutes de trajet quand seul-es 25% sont affecté-es à moins de 30 minutes de chez elles ou eux.
Leur charge de travail apparaît globalement très lourde : la moitié des CPE indique faire des heures supplémentaires non rémunérées. Pour les ECA en charge de classes 6h/semaine, le temps de préparation explose : 52% estime passer entre 5 et 8h par semaine à travailler en dehors des cours ; 30% estime ce temps à plus de 8h par semaine !
Parallèlement à ce temps de travail, la rémunération des ECA apparaît comme très insuffisante : 95 % des ECA estime que leur rémunération est « insuffisante par rapport au temps investi et au travail fait ». Plus inquiétant encore : la même proportion affirme qu’elle est « insuffisante pour vivre décemment cette année et préparer le concours sereinement ». Rappelons que le seuil de pauvreté en France est fixé à 1102€ mensuels, bien loin des 865€ bruts que touchent les ECA.
4. IMPACT SUR LA RÉUSSITE DE LEUR ANNÉE
La charge de travail des ECA apparaît comme difficilement tenable : 24 % indiquent que celle-ci est « lourde, mais [qu’ils.elles] arrivent à tout mener de front ». 73 % confient qu’elle est trop lourde, et qu’ils « ne [sont] pas serein.e.s pour la réussite de leur année ». Malgré ce constat alarmant, on sent une réelle envie d’intégrer le métier : à la question « es-tu satisfait.e de ton travail d’ECA », 60 % répondent « oui, mais c’est dur ». Cependant, 25 % regrettent d’avoir accepté, et/ou n’ont plus envie de passer les concours ! 2 ECA indiquent à la fin du questionnaire que leur charge de travail a eu des conséquences néfastes sur leur santé.
Conseilleraient-ils.elles ce dispositif aux futurs M2 ? 36 % répondent non, notamment car « c’est un trop gros risque de ne pas réussir le concours ». Alors même qu’une majorité pensait que ce dispositif les aiderait à réussir leur concours, les ECA se retrouvent au contraire fragilisé.e.s et épuisé.e.s.
45 % répondent « cela dépend de leur profil et de leur capacité de travail », ce qui va dans le sens de leurs réponses concernant la charge de travail.
5. QUELQUES TÉMOIGNAGES
Dans l’espace de libre expression, plusieurs ECA ont écrit de longs textes dont voici quelques extraits :
« Je n’en peux plus, j’aime énormément l’immersion sur le terrain, j’aime ce que je fais, mais le rythme est insoutenable. Ce n’est pas un vrai rythme d’alternant comme on peut en voir dans d’autres écoles : les ECA font TOUT en même temps : établissement, fac, recherche, INSPE » […]. Oui, nous nous sommes engagés à être ECA, nous savions que ça allait être dur, mais de là à être incompris, malmenés, surchargés... »
« Je ne me plains pas de ce dispositif car il est censé nous aider à pratiquer, être sur le terrain et donc découvrir la réalité du métier, mais nous avons l’impression d’être divisé mentalement et physiquement, d’être sur tous les fronts à la fois et donc aucun au final. »
« C’est un bon dispositif, [...] c’est pas facile tous les jours c’est certain, mais c’est un plaisir de pouvoir se rendre compte qu’effectivement, l’enseignement est une vocation. Néanmoins, je trouve le salaire trop juste compte tenu du travail que ça demande. »
« Certes, nous n’avons pas le concours mais nous sommes réellement payés une misère (à comparer avec la grille des alternants apprentis du secteur public) et cette rémunération est soit trop haute pour avoir des aides, soit trop basse pour en débloquer d’autres telles que la prime d’activité. […] C’est d’une précarité terrible. On se retrouve en dessous du seuil de pauvreté avec un emploi du temps qui ne nous permet même pas de réellement travailler le concours. Le principe est très formateur mais il faut nous donner les moyens d’avoir un rythme vivable et d’apprendre correctement. »
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