La préparation de cette CAPA de titularisation 2018 a été marquée par une cascade de dysfonctionnements tout à fait inédits qui nous inquiète car elle bride le travail de vérification et de conseil des commissaires paritaires et place les collègues stagiaires dans une situation doublement pénalisante. Dans une période où le rôle des commissaires paritaires qui siègent dans les CAPA et CAPN de la fonction publique est fragilisé voire remis en cause, il nous semble important de signaler ces manquements.
Le premier jour prévu pour la consultation des dossiers administratifs, ces derniers n’étaient pas mis à disposition des commissaires paritaires. Lorsqu’ils ont été finalement disponibles, plusieurs pièces statutaires étaient manquantes. Tous les avis des évaluateurs n’y figuraient pas en temps voulu. Hier encore un rapport de chef d’établissement était absent des dossiers. Les listings des collègues pour lesquels un avis favorable a été prononcé ont été corrigés à plusieurs reprises et suscitent encore ce matin des interrogations.
La consultation des dossiers par les collègues stagiaires eux-mêmes s’est faite très tardivement, entravant ainsi la possibilité qui leur est accordée de rédiger un courrier de réponse aux pièces du dossier, de mobiliser des pièces supplémentaires, voire de compléter leur dossier eux-mêmes. Nous rappelons que la consultation des dossiers par les collègues, ne peut se dérouler en même temps qu’une consultation par les commissaires paritaires ; ces deux moments doivent être distincts pour la sérénité du collègue stagiaire et le respect du travail des commissaires paritaires. L’ajout, jour après jour, de pièces supplémentaires crée entre les collègues une inégalité de traitement.
A l’ouverture de la CAPA, il manque à ses membres des éléments essentiels à la compréhension de ces situations quelquefois délicates. Enfin la demande, elle aussi inédite, faite aux commissaires paritaires de co-signer la fiche de consultation n’est pas de nature à respecter les personnels. Nous avons donc demandé la suppression de ces signatures.
A ces conditions chaotiques, s’ajoute l’oubli peu rassurant pour le crédit de l’institution de certains collègues, titularisés dans le corps des certifiés, agrégés stagiaires cette année. Hier midi un listing complémentaire de dix huit collègues nous a été transmis. S’agit-il seulement d’un problème de « filtre excel » ? Comment expliquer que ces tout derniers jours, au moins deux collègues stagiaires qui n’avaient pas encore reçu de visite de l’inspecteur se soient vu reprocher cette situation et aient été prévenues lundi matin 2 juillet qu’elles seraient inspectées le lendemain ? Comment concevoir que l’on puisse ainsi oublier des collègues ? Puisque la visite de l’inspecteur s’est déroulée après la date butoir de remontée des avis, elles se retrouvent de fait titularisées. Pour maintenir l’égalité de traitement, il nous semble donc juste que l’ensemble des collègues ex certifiés titulaires dont les situations sont étudiées aujourd’hui soient titularisés.
Cette année à nouveau les commissaires paritaires du SNES FSU s’étonnent que les termes de la note de service du 26 avril 2016 ne soient pas respectés : la distinction entre le rapport de l’inspecteur général et le rapport d’évaluation finale ou la présence d’un avis sur l’intérêt d’autoriser le stagiaire à effectuer une seconde année de stage dans le rapport des IPR. D’autre part, certains chefs d’établissement s’appliquent toujours à remplir tous les items présents dans la grille d’évaluation alors qu’ils ne peuvent émettre un avis sur les compétences didactiques et pédagogiques des collègues évalués.
Les collègues stagiaires n’ont pas accès aux rapports et grilles qui les concernent et qui leur permettent de faire évoluer leur pratique, pourquoi ? Certains en prennent connaissance par l’intermédiaire bienveillant du secrétariat de leur établissement, d’autres découvrent ces pièces au moment de la consultation du dossier, certains stagiaires prennent connaissance de l’avis négatif d’un évaluateur au moment où ils reçoivent la convocation qui leur permet de consulter leur dossier, est-ce normal ? Les chefs d’établissement disposent de ces pièces avant les collègues concernés et s’en inspirent d’ailleurs quelquefois pour rédiger leur propre avis sans avoir toujours dialogué avec le stagiaire.
Le nombre inédit de stagiaires pour lesquels un avis défavorable a été prononcé nous étonne (14 cette année). Comment expliquer ce nombre élevé dans un contexte où le nombre de stagiaires lauréats du concours diminue par manque d’attractivité du métier d’enseignant ?
D’autre part, alors que le ministre de l’Éducation nationale a souhaité depuis sa prise de fonction placer son ministère sous le signe de la bienveillance, les commissaires paritaires constatent que cette disposition d’esprit n’anime pas toujours la rédaction des rapports qu’ils ont pu lire. Certains rapports d’inspection se contentent d’énumérer les lacunes des collègues sans proposer de conseils. Des avis sévères et définitifs, voire cassants oublient que des collègues, dans leur première année d’enseignement, sont évidemment en début de carrière et pourront tirer profit d’une formation continue efficace sans être pénalisés par un renouvellement de stage. On ne peut imposer aux collègues débutants un idéal que des collègues chevronnés n’atteignent pas toujours. On s’étonne à nouveau cette année que des collègues certifiés déjà titularisés, en service depuis plusieurs années, dont l’investissement a été reconnu par des évaluateurs élogieux se retrouvent en situation d’échec à l’issue de leur année de stage. Ces incohérences dans les attentes des inspecteurs ne sont pas de nature à rassurer nos collègues. Les attentes sont quelquefois opaques ou contradictoires, entre les inspecteurs et les formateurs ESPE, entre les inspecteurs d’une même discipline, entre les disciplines, comme en témoignent la surreprésentation de certaines d’entre elles parmi les dossiers soumis en CAPA. D’autres incohérences sont à relever : les mentions sur les carences didactiques des stagiaires ou leur manque de maîtrise des savoirs disciplinaires ne remettent-elles pas en cause la légitimité des épreuves du concours en déjugeant les membres du jury ? Les conditions d’évaluation des stagiaires ne sont pas toutes optimales ni toutes équivalentes. Même s’il faut se montrer réaliste sur l’impossibilité de proposer à tous une situation idéale, la constitution de certains berceaux stagiaires s’avère source de difficultés pédagogiques inappropriées pour l’installation d’un collègue : tel collègue partage une classe de 5e en espagnol avec un autre collègue, tel autre se voit confier 2 h d’AP seconde sans avoir la classe entière.
Enfin, un dossier nous interroge tout particulièrement. Le dossier d’une jeune collègue ex-certifiée est constitué de pièces presque uniquement à charge. L’avis du chef d’établissement, favorable à la titularisation, n’est pas présent. Les pièces qui se rapportent à l’année de stage de la collègue en tant que certifiée et qui témoignent d’une année exceptionnellement réussie sont absentes également. Elles ont été ajoutées avant-hier car c’est la collègue elle-même qui en a fait la demande auprès du rectorat de Grenoble. Les dossiers des autres collègues certifiés contiennent pourtant ces pièces. Le rapport de l’inspection effectuée cette année surligne en gras les manques jugés les plus graves – ce qu’aucun autre rapport ne pratique- dans un ensemble uniformément négatif. Il ne contient aucun conseil et témoigne selon la collègue d’un entretien réalisé dans des conditions particulièrement éprouvantes.
Le SNES-FSU attend de l’ensemble des évaluateurs un regard encourageant qui accompagne les collègues dans leur formation et leur projet de carrière au service des élèves – ou des étudiants - dont ils auront la charge.
BILAN
La CAPA
– une CAPA marathon (4h), marathon également ds sa préparation ( 14 dossiers à consulter et souvent à accompagner et à conseiller)
– désorganisation complète des services du rectorat dans l’accueil des stagiaires et commissaires paritaires
– problèmes de forme
– une administration pas toujours à l’écoute
Nous avons obtenu
- 5 titularisations sur 14
- Un collègue échappe au licenciement direct après une seule année de stage.
- L’étude attentive de deux situations de renouvellement pour des collègues ayant obtenu des contrats doctoraux à la rentrée prochaine.
Restent donc :
- 7 renouvellements de stage
- 2 refus définitifs après 1 seconde année de stage. Les deux cas seront soumis en CAPN les 11 et 12 septembre.