Jeudi 6 décembre 2018
Ce matin, à 7h30, comme depuis plusieurs jours maintenant, les élèves du lycée Utrillo ont bloqué l’accès à l’entrée de l’établissement. A l’instar des jours précédents, le blocus s’est fait dans le calme. La venue de quelques éléments extérieurs du lycée n’ont pas perturbé le blocage et n’ont pas avivé les tensions. Toute la communauté éducative du lycée était présente sur le parvis pour assurer la sécurité des élèves accompagnés par des parents d’élèves.
Autour de 8 heures 30, une voiture de police s’est mise à passer fréquemment devant le lycée. A plusieurs reprises, notre proviseur leur a demandé de s’éloigner car sa présence attisait les tensions.
N’écoutant pas notre direction, la voiture de police a continué sa ronde. Lors d’un passage devant le lycée, un policier a mimé un geste de mitraillette en direction de nos élèves.
Ce geste, indubitablement déplacé de la part d’un membre des forces de police, à l’égard de jeunes mineurs de surcroît, a entraîné une forte montée des tensions.
Le proviseur et le maire de Stains, M. Taïbi, sont retournés voir les policiers pour leur demander de se positionner en retrait et de ne pas aviver les tensions.
Dans un climat de tensions exacerbées par la présence, les gestes et les propos des policiers, une voiture de police s’est retrouvée bloquée par un groupe d’élèves. Immédiatement, les personnels de direction et les membres de la communauté éducative ont demandé aux élèves de dégager la voiture. Malgré cela, la voiture de police a reculé sur les élèves, renversant notre proviseure adjointe. Heureusement, cette dernière n’a pas été gravement blessée.
La rue Jean Durand, sur laquelle est situé le lycée, a alors été bouclée de part et d’autre, prenant en tenaille, entre deux corps de policiers les élèves, leurs parents, la communauté éducative et des personnels de la mairie de Stains.
Deux élèves sont arrêtés sans ménagement par les forces de police. Des membres du personnel venant à leur rencontre ont tenté d’établir le dialogue sans animosité avec les policiers. En vain. Ils ont été pris à parti par certains policiers qui les ont tutoyés et menacés de poursuites judiciaires pour « obstruction à arrestation ». Sans sommation, les policiers ont ensuite fait usage de grenades lacrymogènes, de grenades de désencerclement et d’un tir de flashball. Des élèves et des membres du personnel ont été visés et ont reçu des coups. Un élève a été blessé au bras.
Confrontés à cette situation, parents et personnels ont dressé des cordons sur le parvis du lycée pour empêcher les charges des policiers et apaiser les tensions. Peu de temps après, les élèves se sont dispersés dans le calme pour rentrer chez eux.
Nous affirmons :
– Que les élèves ont le droit de s’exprimer librement,
– Que nous partageons leurs inquiétudes et que nous sommes solidaires de leur mouvement et de leurs revendications,
– Que nous condamnons avec fermeté les violences policières dont nous avons été les témoins et, plus généralement, nous dénonçons la réponse extrêmement répressive des pouvoirs publics à l’endroit des mouvements lycéens.
– Que nous ne comprenons pas la décision du préfet et du rectorat de ne pas fermer l’établissement mettant ainsi en danger personnels et élèves. Pour protester contre ce refus, les personnels du lycée occupent le bureau du proviseur jusqu’à obtenir satisfaction de leurs demandes.
Plus que jamais nous affirmons notre opposition à la réforme du lycée qui ne fera que renforcer les inégalités.
Les personnels mobilisés du lycée Maurice Utrillo de Stains
6 décembre 2018