Lors du CTA de l’académie de Créteil du 20 mars 2019, consacré aux postes pour la rentrée 2019, la FSU a prononcé une déclaration liminaire.
Depuis janvier, les mouvements sociaux se poursuivent avec constance. Hier mardi 19 mars, une puissante mobilisation dans laquelle nos collègues ont pris toute leur place, a exprimé clairement le rejet de la réforme de la fonction publique et de la Loi Blanquer. Les gilets jaunes continuent à manifester tous les samedis et sur tout le territoire, étoffant sans cesse leurs revendications. En parallèle, des manifestations récurrentes se développent sur la question climatique. Ces mobilisations marquent le rejet de plus en plus important de la politique gouvernementale par une large majorité de la population. Or, le Président de la République et son gouvernement accélèrent leur programme de réforme.
Fonction publique :
Les fonctionnaires apparaissent comme l’ennemi du gouvernement. Coûteux, responsables du déficit public, le pouvoir souhaite à la fois réduire leur nombre, ne pas augmenter leurs salaires, étouffer leurs organisations syndicales en détruisant le paritarisme, et les monter les uns contre les autres en développant l’individualisme et la concurrence. Le projet de réforme de la fonction publique est une attaque sans précédent contre les droits des personnels et leurs représentants.
Ce projet de loi n’est ni plus ni moins qu’un projet de destruction du statut d’une brutalité inouïe puisque ce sont les équilibres du statut de 1946, réaffirmés par les lois de 1982 à 1984, qui sont piétinés, et avec eux la conception d’un fonctionnaire citoyen au service de l’intérêt général opposée à celle d’un fonctionnaire « aux ordres ». C’est tout le modèle social français et la garantie de neutralité des agents publics qui sont dans le viseur. C’est aussi le renoncement à faire évoluer la Fonction Publique pour garantir plus et mieux de services publics aux usagers sur tout le territoire. La Fonction publique reviendrait à une situation antérieure à celle de 1946, dont on sait ce qu’elle a pu permettre dans de funestes circonstances.
Ces attaques se tiennent alors que le besoin en service public est largement exprimé dans l’opinion, et en particulier en tant que garants de l’égalité entre les populations et les territoires. Les mobilisations récentes, comme celles des gilets jaunes, ont largement demandé des services publics de qualité. Le pouvoir exprime ainsi son mépris le plus total pour les revendications de nos concitoyens.
École de la confiance : La loi dite « pour une école de la confiance » s’attaque aux fondements du système éducatif et permet l’instauration d’une école néo-libérale, rendant l’élève responsable de ses choix et de ses échecs. Le texte de loi conçoit l’école publique comme une école a minima, réduisant sans cesse les possibilités d’apprentissage de ses élèves, tandis que l’enseignement privé est largement favorisé. Il institue des écoles du socle réunissant les écoles et les collèges, visant à distribuer un savoir minimal. De ce fait, il dynamite purement et simplement les écoles maternelles et élémentaires pourtant indispensables aux équilibres des territoires. Il coupe en deux le second degré, poursuivant les réformes déjà entreprises par les majorités précédentes. Il permet de nombreuses expérimentations, par exemple dans les écoles publiques internationales. Par son article premier, il étend à l’ensemble des personnels le devoir de réserve, jusqu’ici réservé aux membres de la hiérarchie. La FSU exige le retrait immédiat de ce projet. De plus, elle exprime son opposition ferme à des « cités éducatives » qui seraient la déclinaison dans notre académie des EPSF. Aucun dispositif visant à renforcer les territoires les plus en difficulté, ne pourra se faire sans respecter l’organisation actuelle du système éducatif écoles / collèges / lycées. Les compétences de chacun devront être respectées. Enfin, elle dénonce les amendements déposés en catimini visant à revenir sur les arbitrages obtenus en 2015 sur la politique éducative sociale et de santé en faveur des élèves dans le cadre de la loi de refondation de l’École. La FSU exige le retrait des articles 2 ter, 16 bis et 16 ter qui nuiraient gravement à l’objectif ambitieux de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République : celui de la réussite scolaire.
LGT : Nous constatons en LGT : 6 suppressions de postes dans le 77, 11 créations dans le 93 et 5 suppressions dans le 94. Donc un solde neutre, alors que les effectifs en LGT vont augmenter de 918 élèves par rapport à l’existant. Cela va se traduire par une réduction des dédoublements et des effectifs encore plus chargés dans les classes. Réduction des dédoublements et réduction de l’offre des options sont d’ailleurs organisées par la réforme du lycée du fait de leur financement seulement sur une marge de moyens trop restreints. De même le financement de seulement 3 groupes de spécialité par classe de première va forcer des élèves à prendre des spécialités qu’ils ne souhaitent pas, ou les contraindre à en abandonner qu’ils souhaitaient. Pourtant, cela aura une incidence majeure sur leurs études post bac. Déjà, des écoles annoncent les spécialités qu’ils souhaitent voir suivies par les élèves. Des élèves actuellement en seconde, faute d’avoir pu prendre en juin la spécialité qu’ils souhaitaient en raison d’une ouverture insuffisante de groupes, seront donc pénalisés dans leur parcours post bac… Pourtant le discours ministériel était tout autre…
LP : En ce qui concerne l’enseignement professionnel, le Rectorat ne rompt ni avec la politique de suppressions de postes ni avec le recours excessif aux heures supplémentaires qui masquent les besoins en recrutement tout en dégradant tant les conditions d’exercice du métier des enseignants que les conditions d’étude des lycéens. En effet, nous constatons qu’au CTA grandes masses, il avait été prévu une réduction de 16,5 ETP en heures poste et qu’aujourd’hui, c’est un solde négatif nettement supérieur de 24 postes qui est annoncé pour la rentrée 2019 ! Malgré les près de 300 élèves supplémentaires attendus dans les lycées professionnels de notre académie,
50 suppressions de postes (18 dans le 77, 17 dans le 93 et 15 dans le 94) sont envisagées contre seulement
26 créations (7 dans le 77, 8 dans le 93 et 11 dans le 94). Cela génère 4 mesures de carte scolaire dans la voie professionnelle et, cela n’est pas acceptable, les collègues concernés en ont été informés par l’administration alors que le CTA ne s’est pas encore réuni. Cela prouve, s’il en était besoin, la volonté du rectorat de limiter le rôle de cette instance à celui d’une simple chambre d’enregistrement !
A ce total de 24 postes qui disparaissent s’ajoute le chiffre non négligeable de 23 postes bloqués (dont 7 en GA) susceptibles de disparaître également avant la rentrée si les collègues demandent leur mutation à l’intra ou dans les années à venir s’ils prennent leur retraite. (…) Les disciplines bureautiques, qui n’en finissent pas de payer l’incurie d’une réforme ayant imposé la fusion de la comptabilité et du secrétariat, sont les plus durement touchées avec la suppression de 11 postes en GA qui viennent s’ajouter aux 13 de l’an dernier, et ce, afin de répondre à la demande ministérielle brutale de réduction de l’offre de formation. Les Lettres/histoire vont subir la perte de
2 postes et les Lettres/anglais celle de 3 postes. Ces suppressions de chaires en enseignement général représentent les premiers effets de la réforme Blanquer avec l’application des nouvelles grilles horaires en seconde. La diminution drastique des horaires dans les disciplines générales laisse présager des suppressions massives de postes dans les prochaines années.
D’ores et déjà, 60% (67 sur 113) des établissements de la voie professionnelle accuseront une rétractation de leur DHG à la rentrée 2019, même en l’absence de modification de leur structure pour 43% d’entre eux, et ce, au prétexte de quelques places vacantes disséminées dans des filières et niveaux variés, ne justifiant donc aucune suppression de division. Le rectorat soustrait des moyens aux lycées pro tout en maintenant à l’identique la capacité d’accueil des classes.
Nous dénonçons une fois de plus le fait que les TRMD de certains établissements de l’académie aient été remontés au rectorat sans avoir été votés et qu’un certain nombre de CA DHG ne seront réunis qu’en fin d’année scolaire, au mépris de la démocratie locale.
Quelle est la logique de toutes ces mesures, si ce n’est celle de faire de la voie professionnelle une variable d’ajustement budgétaire ? Rappelons que l’ensemble de ces mesures font des lycées professionnels des « sas » pour préparer les jeunes, non pas à un métier, mais à entrer en apprentissage et signent la fin des diplômes, découpés en compétences floues centrées sur des besoins immédiats.La FSU condamne toutes les mesures qui, depuis près d’une décennie, organisent la casse de la voie professionnelle publique sous statut scolaire : elles vont à l’encontre de la promesse d’une véritable démocratisation de l’école et d’une « école de la confiance » aujourd’hui défigurée.
CPE CIO : La dotation en CPE, infirmières, assistantes sociales n’augmente toujours pas de façon significative alors que le nombre d’élèves dans le second degré a augmenté de 33000 élèves depuis 2013 dans l’académie ! Toujours des établissements de plus de 600 élèves (13 dans le 77), n’ont qu’un poste de CPE, notre expert développera lors des études de documents ! Si la population scolaire augmente et les missions des PsyEN sont réaffirmées, il n’y a toujours pas de créations de postes de PsyEN EDO depuis 20 ans. Et la ponction de postes administratifs dans les CIO du 77 (2,5 postes) risque de mettre en difficulté deux d’entre eux (Lognes et Provins). Et c’est un bien mauvais signal au moment où les décisions du ministre, à la suite du rapport Mons-Charvet, vont être annoncées, en particulier la réduction du nombre de CIO.
Assistants sociaux : Nous sommes bien convaincus que « l’accompagnement social des élèves est l’une des conditions clé de la réussite de toutes et de tous les élèves », comme l’annonce si bien notre ministre.
Mais comment assurer un suivi dans les conditions actuelles de nos services sociaux. Nombre de collègues assistant-e-s de service social sont en souffrance sur leur poste étant donné la charge de travail et la lourdeur des situations qu’elle doit accompagner. Dans cette académie, nous restons, sur certains secteurs, les seuls acteurs sociaux exerçant pour la protection de l’enfance.
Comment parler d’accompagnement des élèves sans création de poste alors que trois établissements ouvrent cette année sur l’académie ? Les établissements mis en réseau ne sont pas une réponse pour un accompagnement des élèves. Et pourtant le réseau du Val-de-Marne grossit de sept établissements et la
Seine- Saint-Denis voit se créer un réseau comportant déjà, pour cette première année, 4 voire 5 établissements.
Sans parler des quelques postes qui parsèment le primaire et qui permettent la prise en charge d’un bien trop petit nombre d’élèves scolarisés dans des écoles de 4 REP+. Tout ceci ne fait que renforcer les inégalités territoriales que nous ne pouvons cautionner.
La FSU porte depuis toujours nombre de propositions et de revendications pour tout à la fois améliorer la qualité, l’efficience de la promotion de la santé mais aussi pour que les infirmier-es soient mieux reconnu-e-s dans leur engagement quotidien auprès des élèves et de la communauté éducative et pédagogique.
Le FSU s’oppose aux propositions de l’administration qui consistent à faire plus avec moins de moyens. Les infirmier-e-s de l’éducation nationale ont choisi de travailler au service de l’intérêt général en répondant aux besoins en santé des élèves pour favoriser leur réussite scolaire. Mais pas à n’importe quel prix. Sûrement pas au prix de sacrifier la qualité des soins infirmiers sur l’autel de la rentabilité et des redéploiements. Les infirmier-e-s sont de plus en plus confronté-e-s à une perte de sens de leur travail et à l’impossibilité d’effectuer leurs missions du fait des réductions budgétaires et des directives contraires à l’éthique professionnelle. Les modifications de la répartition des postes infirmiers proposées par les IA-DASEN avec les conseillers techniques départementaux et étudiées dans le cadre de la cellule académique de santé le 20 février sont inacceptables et méconnaissent les missions des infirmier-e-s.
Monsieur le recteur, vous avez déclaré, lors du CTA du 26 mars 2018, être attaché à la qualité du dialogue social avec les organisations syndicales, vouloir rencontrer les infirmier-e-s, avoir une réflexion avec la profession. Nous vous avons cru. Force est de constater que vos déclarations sont restées au stade de promesses. Nous ne recevons guère de réponses aux courriers que nous vous adressons. L’absence de communication devient pérenne et est préjudiciable au bon fonctionnement et à l’efficience du service public d’éducation et particulièrement dans le champ de la santé. Les personnels que nous représentons espèrent vivement que le dialogue social dépasse l’état embryonnaire et refusent le redéploiement des postes.
Nous sommes dans le cynisme le plus complet quant aux suppressions de postes administratifs. Annoncer se soucier de ses agents, vouloir favoriser un service de qualité et de proximité en annonçant que l’augmentation de la population scolarisée, du nombre d’établissements, permet de rendre des postes au ministère en est un exemple. Il est évident qu’il y a une méconnaissance complète de notre gouvernement des tâches effectuées par ses agents. Ce sont 11 postes supprimés dans l’académie. Quatre en EPLE soit une suppression par création d’établissement, quatre autres au rectorat où on veut créer un nouveau service et un dans chaque DSDEN. D’un côté le ministre annonce créer des postes en REP dans le 1er degré, d’un autre on commence à en supprimer dans les collèges. Si la fusion des académies semble avoir pour un temps été abandonnée, nous tenons à témoigner notre solidarité aux collègues des académies de Caen et de Rouen dans leur lutte contre cette fusion qui pour eux seuls a été maintenue. Nous restons par ailleurs vigilant quant à l’annonce faite du passage du bop 214 en académie de région.