Ce mercredi 21 mars, le climat de tension qui règne depuis plusieurs mois maintenant aux abords et au sein de l’établissement a franchi un nouveau seuil avec l’agression en classe d’élèves et de leur professeur. Dans l’après-midi, un parpaing a en effet été projeté à travers la vitre qui surplombe une salle de classe, atterrissant à moins d’un mètre de deux élèves et de leur professeur. Lui et une élève ont été blessé-es à la main et au poignet. Le matin même, deux pétards étaient lancés dans un couloir contre la porte d’une salle de cours et la semaine précédente un projectile était lancé pour tenter de briser une vitre alors qu’un cours avait lieu dans la salle de classe. Deux jours plus tard, trois jeunes ont agressé un élève avec une bombe lacrymogène dans un couloir. Une classe a également été prise à partie sur le terrain de football par des collégiens extérieurs au lycée ; ils sont revenus avec des chalumeaux.
Le personnel enseignant et éducatif du lycée s’est réuni en assemblée générale ce vendredi 23 mars pour discuter des suites à donner à cette agression.
Il a été fait le constat que cet incident fait partie d’une longue liste de problèmes survenus depuis le début de la rentrée scolaire (projectiles lancés, bagarres, intrusions), dont certains sont en lien avec les très vives tensions inter-quartiers qui se traduisent par des affrontements réguliers aux abords du lycée et des agressions contre des élèves sur leur trajet vers l’établissement.
Non seulement certain-e-s de nos élèves ont peur de se rendre au lycée mais il nous semble que nous ne pouvons plus leur garantir qu’ils/elles seront en sécurité dans l’enceinte de l’établissement.
Nous ne pouvons plus nous taire, nous ne pouvons plus continuer de venir travailler ni d’accueillir nos élèves dans un tel climat peu propice à l’étude. Nous avons donc décidé d’exercer notre droit de retrait le mardi 27 mars.
Nous demandons dans un premier temps l’augmentation du nombre de personnels d’encadrement dans l’établissement. A la suite de la perte des contrats aidés dédiés au pôle Vie scolaire, d’un demi-poste d’assistant d’éducation et du non remplacement d’une surveillante suite à un accident, nous estimons que les effectifs sont actuellement insuffisants. Même si leur mission n’est pas d’intervenir en cas d’intrusion, ni de pacifier les abords du lycée, les surveillants assurent une présence adulte dans les couloirs du lycée et leur nombre contribue à en apaiser l’atmosphère.
La journée de mardi a été ainsi l’occasion pour nous d’en discuter plus largement avec l’ensemble du personnel et des parents. Nous sommes conscients que nous ne sommes pas seul-e-s dans cette situation et nous envoyons une délégation à l’Assemblée générale réunissant des collèges et des lycées de Seine-Saint-Denis en lutte contre le manque de moyens, qui se déroule à 18h30 à la Bourse du travail de Saint-Denis aujourd’hui.
Nous invitons les parents, élèves et personnels de Paul Eluard à se rassembler sur le parvis du lycée le jeudi 5 avril à partir de 17h30 pour exprimer notre refus de la banalisation de la violence au sein et autour du lycée. Impliqués malgré nous dans les tensions croissantes dans la ville, nous souhaitons restaurer la sérénité dans l’établissement et dans l’espace public à proximité