L’ensemble des professeur-e-s élu-e-s au CA dénoncent la précipitation et les conditions dans lesquelles le Ministère de l’Education nationale met la réforme Blanquer en place. La suppression de postes ou de BMP, et l’augmentation des heures supplémentaires sont inacceptables.
Nous dénonçons le fait que
– cette réforme amènera des élèves et des enseignants à partager leur temps scolaire sur plusieurs établissements
– elle s’inscrit dans une politique de restriction budgétaire qui supprimera 2400 postes dans le secondaire alors que les effectifs annoncés d’élèves sont en augmentation ;
– elle entraîne des tensions au sein des équipes en raison de la mise en compétition des disciplines pour le choix de spécialités, le partage des heures « de marge » et de l’absence de précision horaire et disciplinaire concernant certaines spécialités, comme par exemple la spécialité Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences politiques ;
– elle impose aux élèves, notamment en seconde, des choix de spécialités qui vont déterminer leur avenir, alors qu’ils n’ont pas les informations nécessaires pour choisir en conscience.
La communication ministérielle laisse penser que chaque élève aura la liberté d’associer les options facultatives et les enseignements de spécialités qu’ils souhaitent. Or, les contraintes d’organisation matérielle ne le leur permettront pas. La rupture d’égalité entre les établissements et entre les élèves est flagrante. C’est la fin d’une Education nationale.
Nous dénonçons la nouvelle carte des formations, qui mutualise les enseignements et mêle l’offre publique et l’offre privée, voire celle de l’enseignement à distance. Cette carte conduit à un parcours d’orientation déterminé davantage par le lieu de résidence que par les aspirations des élèves.
Cette réforme se met donc en place dans une précipitation préjudiciable aux élèves comme aux professeurs
– avec des contenus de programmes qui sont à peine finalisés (en français pour la classe de 1re, on ignore encore quelles œuvres précises et quels parcours seront au programme).
– avec des enseignants de seconde qui actuellement avancent dans le flou concernant les méthodologies à enseigner aux élèves alors que les épreuves du baccalauréat ne sont pas précisées.
– avec des enseignant-e-s amené-e-s à intervenir dans des enseignements qui ne correspondent pas à leur formation initiale et pour lesquels ils n’ont pas reçu la formation requise (comme par exemple pour l’enseignement de « sciences numériques et technologie »).
Le baccalauréat en tant que diplôme national et premier grade universitaire, est mis à mal.
La part donnée à l’évaluation en cours de formation (le contrôle continu) nuit à l’égalité des élèves : la dérive vers un bac « local » existe, ce qui bénéficiera avant tout aux établissements favorisés.
Pour la majorité des disciplines, le calendrier des épreuves communes mettra les élèves en situation de « bachotage » permanent, puisqu’ils subiront dès janvier 2020 des épreuves communes à répétition. La succession d’épreuves tout au long des deux années de première et terminale détériorera considérablement la transmission des savoirs et désorganisera les établissements.
Quant aux épreuves elles-mêmes, leur forme est encore inconnue.
Pour les épreuves de français, qui se tiendront dès juin 2020, la situation est problématique, les élèves qui sont en seconde actuellement ne savent pas à quelles épreuves précises de français ils seront confrontés.
Par conséquent, force est de constater que le but premier de cette réforme n’est pas tant l’intérêt des élèves qu’un objectif comptable d’économies de postes et de moyens.
Le lycée Hector Berlioz n’est pas épargné par ces problèmes.
Au sein du lycée Berlioz, la majorité des disciplines constate une baisse notable des heures consacrées aux enseignements. L’autonomie accrue des établissements s’appuie sur une diminution des heures « fléchées » et l’attribution d’heures de « marge », qui doivent financer les dédoublements, les options facultatives, une partie des sections européennes (une seule section financée alors que nous en avons trois) et l’accompagnement personnalisé. Compte-tenu du volant d’heures insuffisant qui nous est attribué, et qui ne répond pas à nos besoins, l’établissement est contraint de rogner sur les dispositifs essentiels que sont les dédoublements et l’accompagnement personnalisé.
En Sciences physiques et SVT, avec la réforme, tous les élèves de 1re et Tle auront dans le tronc commun un nouvel enseignement : l’enseignement scientifique et numérique (ESN). C’est un enseignement pluridisciplinaire de 2h par semaine. Le mode fonctionnement proposé par la direction est le suivant : 1h de Sciences -Physiques et 1h de SVT sans dédoublement pour la pratique expérimentale. Cette répartition imposée par l’insuffisance des moyens donnés à l’établissement porte atteinte à la qualité de l’enseignement dispensé aux élèves. Elle annule les possibilités de démarches expérimentales dans cette discipline alors que celles-ci sont clairement indiquées dans le programme de l’ESN, avec en particulier la mise en œuvre d’un "projet expérimental et numérique" en fin d’année.
Aucune option facultative technologique n’est proposée, ce qui affaiblit la série technologique et la rend moins visible et moins attractive. En Première, la spécialité technologique en langue vivante ne sera pas enseignée conjointement par un enseignant de langue vivante et un enseignant de STMG car cet enseignement conjoint n’est pas financé.
La dotation horaire n’est donc pas suffisante. La répartition des heures proposée ne répond pas à toutes nos aspirations pédagogiques et ne permet pas de fonctionner correctement. Les enseignants du lycée Berlioz refusent de participer à la mise en place d’une réforme qui propose des enseignements au rabais, ne respectant ni la formation et le travail des enseignants, ni les attentes des élèves et des familles.