Nuit du lycée très suivie le mardi 12 février ; un tiers des enseignants présents, avec le soutien de certains élus et députés de Gentilly, Villejuif et le Kremlin-Bicêtre et de la FCPE qui nous ont rejoints.
Communiqué du 12 février :
Les enseignants du lycée Darius Milhaud se mobilisent contre la réforme Blanquer et pour l’égalité
des chances
Un gros tiers des enseignants de Darius Milhaud se mobilisent lors de la nuit des lycées pour
dénoncer la réforme Blanquer.
Les enseignants sont contre cette réforme parce que :
1. La fin des filières annoncée est un vrai faux choix pour les élèves et les familles qui pour
beaucoup manquent d’information. Les choix risquent de s’orienter vers des disciplines dans
lesquelles tel élève réussit, mais quid de ses possibilités d’orientation postbac si ses choix ne
sont pas cohérents ?
2. Ces choix sont aujourd’hui d’autant plus compliqués que cette réforme se fait en aveugle : on
ne sait rien du futur contrôle continu, ni des épreuves et du fameux « Grand oral » dont parle
le Ministre. Comment allons-nous préparer correctement nos élèves au baccalauréat et les
orienter convenablement dans de telles conditions ? C’est bien de leur avenir à long terme
que l’on parle.
3. Le choix parmi 12 spécialités n’existe pas. À Darius Milhaud, les élèves ne pourront choisir
que parmi les 7 spécialités « classiques », aucune spécialité « rare » n’est proposée alors que
nous perdons la spécialités « arts » en terminale et l’option euro-allemand. En renforçant la
concurrence entre les établissements, non pas par l’offre pédagogique mais par une offre
différente de spécialités, on condamne les lycées les moins bien pourvus, on crée une
rupture d’égalité territoriale. De plus, si il y a 6 classes de 1re à 35 et 18 groupes de spécialité à
35, il est évident que tous les élèves n’obtiendront pas leurs 3 voeux. Dans notre lycée, la direction a
déjà anticipé ce problème en demandant aux élèves de faire 4 voeux. Où est la logique ?
4. Les programmes associés à cette réforme sont encyclopédiques et ont été rédigés sans
concertation honnête et à toute vitesse. Les programmes des spécialités, d’un niveau quasi
universitaire, vont laisser un bon nombre d’élèves sur le carreau. Ces programmes ne
pourront se faire qu’à marche forcée, ils ne nous permettront pas de travailler la
méthodologie et une fois de plus feront peser la réussite scolaire sur la seule capacité des
élèves à travailler seuls à la maison.
5. Comment allons-nous accompagner les élèves ? Il n’y aura plus de groupe classe, excepté sur
le tronc commun. On se demande, dans ces conditions, qui assurerait la fonction de
professeur principal et surtout comment travailleront les enseignants de spécialités ? Avec 6
professeurs principaux ?
Par ailleurs, cette organisation exclut d’office les enseignants de spécialités de la fonction de
professeur principal, alors même que ce sont les enseignants les mieux placés pour aider les
élèves dans leur choix d’orientation.
6. Cette réforme fait déjà disparaître un certain nombre de contractuels, que deviendront-ils ?
À terme, elle permettra des réorganisations importantes, notamment sur les dédoublements
(c’est déjà le cas dans certains lycées) pour supprimer des postes. Il est évident que
l’Education Nationale paiera un lourd tribut à la suppression des 120 000 postes de
fonctionnaires annoncée.
7. La réforme du Lycée Professionnel est très floue. On supprime des dédoublements pour
mettre en place de la co-animation en classe entière sans objectifs particuliers. Globalement,
les élèves perdent des heures d’enseignement général alors même que ces heures, en
français notamment, sont très importantes pour eux.
Indépendamment de la réforme, nous réclamons depuis de nombreuses années des moyens
supplémentaires pour avoir des classes de 1re à 30 élèves et non à 35. Jusqu’à maintenant, sur les 6
classes de 1re générale, deux étaient à effectif réduit, 24 élèves. Avec cette réforme, nous n’aurons
plus que des classes à 35 élèves. Il est temps que le Rectorat réponde à cette demande nécessaire
dans un établissement où de nombreux élèves ont des difficultés et demandent une attention
particulière, attention impossible à donner dans une classe de 35 élèves.
Enfin, en dehors de ces revendications, cela fait 8 années maintenant que le point d’indice des
fonctionnaires est gelé. Le manque à gagner pour chaque enseignant est de 150 à 200 € par mois. M.
Blanquer nous propose de remplacer cette perte de salaire par des heures supplémentaires, or ces
heures sont moins bien payées et non comptabilisées pour la retraite. Ce n’est pas la réponse
attendue.
A Kremlin-Bicêtre, le mercredi 6 février 2019
Le Lycée Darius Milhaud rejoint la mobilisation contre la réforme
Lors d’une réunion plénière consacrée à la mise en oeuvre de la réforme du lycée, un
tiers des enseignants présents a quitté la salle, compte tenu du manque de considération de
leur proviseur. En effet, alors que nos représentants au Conseil d’Administration exprimaient
une opposition à l’esprit de cette réforme, il leur a été répondu avec ironie que le système
actuel était bien entendu parfait. C’est faire peu de cas de l’opposition ancienne des
enseignants à la mise en place des réformes précédentes qui nous ont conduits à la situation
présente.
Dans la mesure où nous allons être les acteurs de cette réforme, nous estimons que
notre avis est légitime et doit donc être entendu. Qui mieux que les professeurs connaît les
problématiques éducatives ? Or, leur parole n’est jamais écoutée et est de fait méprisée. Cette
attitude condescendante de l’Institution ne cachera pas le fait que cette réforme a été conçue
pour supprimer des heures et des postes d’enseignants dans le cadre de la suppression de 120
000 postes de fonctionnaires.
Ce qui est balayé d’un revers de la main, c’est qu’en passant à 35 élèves par classe
dans toutes les premières générales et 30 en filière technologique, on aura pour le même
nombre de classes 8,2 % d’élèves en plus, soit l’équivalent d’une demi-classe.
Alors que le Ministre de l’Education promet une « école de la confiance » dans
laquelle les élèves seraient mieux accompagnés, mieux orientés, libres de choisir les
enseignements qui leur plaisent, la réalité au lycée Darius Milhaud est tout autre : passage de
deux heures en demi-groupes à une heure classe entière hebdomadaire en Accompagnement
Personnalisé, classes surchargées à 35 élèves en premières générales et à terme en classes de
terminales, suppression de la spécialité Arts, suppression de la section européenne en
allemand, menace de suppression des enseignements par la logique comptable des quotas de
remplissage. Et tout ceci alors que les effectifs notre lycée augmentent.
Au-delà de ce qui s’est produit aujourd’hui, de nombreux enseignants du Lycée Darius
Milhaud refusent cette réforme et s’associent à ce communiqué. Ainsi, dans le cadre de la nuit
des lycées le mardi 12 février 2019, l’équipe du lycée Darius Milhaud se mobilise contre la
réforme.
L’équipe mobilisée du Lycée Darius Milhaud