Ce 1er octobre, nous avons été reçu.e.s en audience par Monsieur de Recteur de Créteil, la Secrétaire générale et La Secrétaire générale en charge des moyens. Nous répondions ainsi à l’invitation qui nous avait été lancée par le Recteur lui-même lors de sa visite de pré-rentrée du 31 août dernier.
Nous avons renouvelé nos demandes toujours criantes et d’autant plus fortes qu’elles accompagnent une rentrée exceptionnelle, une situation de crise sanitaire et sociale importante et une réduction des moyens qui nous sont traditionnellement attribués. Nous voulions également témoigner du malaise ressenti pas nos collègues lors de cette visite du 31 août qui nous semblait mettre en doute notre professionnalisme.
Monsieur le Recteur a rappelé qu’il s’était senti mal accueilli, dans un climat d’agressivité, qu’il avait rencontré des établissements beaucoup plus accueillants et qu’il n’était pas un distributeur de moyens. Nous avons précisé que nous attendions malgré tout d’un Recteur qu’il écoute les remontées du terrain. Pour Monsieur le Recteur, notre responsabilité est impliquée dans le fait que notre lycée est victime d’une stratégie d’évitement de la part d’un certain nombre de CSP +. Il nous demande de réfléchir en CA à notre attractivité. Nous pensons que la réforme du lycée, en imposant un contrôle continu beaucoup plus déterminant qu’avant, favorise cet évitement. Le fait que tous les établissements ne proposent pas les mêmes spécialités est aussi un facteur. Monsieur le Recteur, tout en rappelant son attachement au droit de grève, établit un lien entre la mobilisation forte des élèves et des enseignants et la fuite des familles. Nous avons répondu que les journées de grève et les blocus des élèves n’ont pas été posés sans raisons. Cette mobilisation repose sur des manques avérés. Les restrictions de moyens sont encore plus incompréhensibles en période de crise sanitaire. Monsieur le Recteur a rappelé ensuite l’obligation de faire passer les E3C1 mais devant notre scepticisme qui pointe l’invraisemblance pédagogique qu’il y aurait à s’obstiner ainsi alors que les notions sur lesquelles elles doivent porter sont bien loin pour nos élèves, il a reconnu qu’il n’avait pas de réponses à toutes les questions que pose ce rattrapage. Nous restons en désaccord sur de nombreux points évoqués même si Monsieur le Recteur s’est félicité que l’on puisse discuter et échanger nos points de vue avec courtoisie en toute sérénité. Le discours venu d’en haut est resté cependant bien fermé : les enveloppes de moyens sont contraintes, rien de plus à donner ! Il faut faire des choix. Vous avez trop d’options et trop de groupes de langues. Il faut réfléchir en CA à la manière la plus intelligente de fonctionner avec ces contraintes. Pour ce qui est des moyens affectés aux Upe2a : tant que vous ne rentrerez pas dans le projet « inclusion, HSE financées par FSE », vous n’aurez pas d’heures parce que le rectorat doit rendre des comptes et devra rembourser si l’usage de ces heures FSE ne correspond pas à ce qui est demandé. D’autres établissements sont très contents de la réforme ( nous, on voudrait des noms mais on n’en aura pas). Vous n’êtes pas plus mal dotés que les autres. Le ministère a décidé de mettre l’accent sur le 1er degré et le collège. Les lycéens peuvent se gérer plus facilement sans moyens supplémentaires.
Nous avons prouvé chiffres à l’appui que le taux d’encadrement élèves était plus défavorable qu’avant. Madame la Secrétaire générale a contesté ces chiffres qui émanent pourtant de la DEPP où travailla Monsieur le Recteur.
Nous avons renouvelé nos demandes d’un poste de CPE et d’heures indispensables à nos enseignements.
Après le départ de Monsieur le Recteur, nous sommes resté.e.s avec Madame la Secrétaire générale et Madame la Secrétaire générale adjointe, nous avons évoqué la souffrance des personnels qu’il fallait entendre et ne pas négliger. On nous a répondu que la souffrance existait aussi du côté des secrétaires généraux.
Nous avons demandé ce qu’elles nous proposaient comme « choix » à faire dans nos enseignements … On nous a répondu qu’il fallait innover pédagogiquement par exemple en rassemblant plusieurs niveaux dans un même cours en langues, en langues anciennes et pourquoi pas en maths. Il y a bien des doubles niveaux dans le primaire : il fallait innover pédagogiquement et ne pas rester sur des schémas anciens de plus de 20 ans. Il nous semble pourtant que les regroupements de niveaux, bien difficiles compte tenu des emplois du temps, des différences de programmes et de l’hétérogénéité des élèves ne constituent pas des innovations pédagogiques puisqu’ils sont pratiqués à contre cœur depuis longtemps mais une gestion de la pénurie.
Nous avons pris congé en remettant un communiqué signé par 52 collègues de notre lycée en précisant bien qu’il était le résultat d’un ressenti majoritaire ( comme le prouve le nombre de signatures recueillies) à l’issue de la pré-rentrée effectuée dans un contexte de grande inquiétude et de découragement.