De très nombreux dysfonctionnements liés au passage à la plate-forme d’approvisionnement de Provins Approv’halles nous parviennent de tout le département.
La plate-forme Approv’halles a été imaginée et mise en place par le Conseil Départemental afin de se conformer à la loi Egalim. L’objectif, louable sur le papier, est d’harmoniser la qualité des repas dans tous les établissements du 77, de mettre en place des circuits courts favorisant les producteurs locaux, et d’augmenter le pourcentage de produits bio.
Pourtant, cette plate-forme, qui a coûté 48 millions d’euros, loin de permettre les économies budgétaires annoncées, multiplie le prix des repas par 3 pour de nombreux élèves et pour les commensaux, y compris les plus bas salaires comme les agents, les AED ou les AESH, les excluant de fait du service de restauration. Les lycées d’Ile de France, qui devaient aussi être approvisionnés par cette plate-forme, ont repoussé à l’an prochain. Les trop nombreux dysfonctionnements nous conduisent à juger que la mise en place de la plateforme approv’halles est ratée. Le département a voulu aller trop vite en la généralisant d’emblée à tous les collèges, ce qu’il reconnaît. Il aurait fallu commencer par une expérimentation sur un nombre plus restreint d’établissements afin de déterminer les points problématiques. Force est de constater que l’ancien système, reposant sur la décentralisation et l’autonomie des collèges contenait mieux les coûts et produisait des repas de meilleure qualité.
Le Conseil départemental admet les problèmes et nous assure tout mettre en œuvre pour les résoudre. Un service dédié a été mis en place, pour répondre aux appels entre autres. Les chefs ont des référents approvisionneurs qui vont sur le terrain pour gérer les erreurs. Des réunions sont proposées régulièrement aux chefs de cuisine, et des Heures Supplémentaires ont été débloquées.
Le CD, mécontent, a décidé de reprendre la partie négoce, qui a été externalisée, dès le mois de janvier. Il note des améliorations, auparavant c’était géré à la semaine et les livraisons n’étaient pas regroupées, débordant souvent sur le service.
Il conclut en nous indiquant qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.
Il va de soi que le SNES restera vigilent et suivra de près l’évolution de la situation.
Voici une liste non exhaustive des dysfonctionnements qui nous sont remontés.
1) Problèmes de livraison et d’approvisionnement :
En début d’année, il n’y a pas eu d’approvisionnement en produits de base : sel, poivre moutarde… Les chefs doivent s’adapter sans arrêt.
Réponse du CD : pour reconstituer leurs stocks, ils sont sensés passer leurs commandes pendant les périodes de permanence (vacances). Cela n’a pu être fait en août à cause des dysfonctionnements, ce qui explique les manques à la rentrée.
Au jour le jour, il arrive très souvent qu’il n’y ait pas l’approvisionnement prévu, obligeant les agents à préparer des repas de substitution, ce qui génère un stress important. Ou bien les livraisons ne correspondent pas aux commandes. D’autres arrivent en double.
Certains établissements prennent sur leurs propres deniers pour compléter les manques. Lorsqu’ils posent la question du remboursement au département, ils n’ont pas de réponse.
Trop de livraisons, jusqu’à 9 par jour. Parfois des camions ne passent que pour un bouquet de radis.
Certaines livraisons se font en plein pendant le service alors que dans le protocole du département il est prévu qu’elles aient lieu avant 11h30.
2) Problèmes sanitaires :
Des inquiétudes concernant la surgélation des produits nous ont été remontées. Des aliments seraient arrivés en partie décongelés. Nous nous interrogeons donc sur le respect de la chaîne du froid. Du plastique retrouvé dans des oignons surgelés.
Problème de traçabilité et de DLC avec des produits dont les étiquettes sont manuscrites !
Des établissements refusent les denrées qui ne sont pas à la bonne température selon les critères établis dans le département. Par exemple, les fruits et légumes doivent être conservés à 6/8 degrés et la viande / poisson à -1 degré. Or, depuis le début de l’année, les fruits et légumes sont transportés dans les mêmes camions que la viande.
3) Problèmes concernant la provenance des denrées et leur qualité :
Les denrées ne sont pas toutes issues de filières courtes ou des productions locales. Certaines proviennent d’autres pays (ex du poisson de Chine, tomates des Pays Bas). Quel pourcentage de produits locaux, et quelle empreinte carbone ?
Certains fruits et légumes arrivent abîmés ou pourris, le dessus des cagettes est en bon état, mais au dessous les aliments sont dégradés. La qualité de la viande pose parfois question.
Le calibre des produits locaux est trop petit.
4) Augmentation du coût des repas et baisse de la quantité :
Le prix du repas a fortement augmenté, entre autres en raison de prix d’achat plus élevés (ex : un yaourt vaut 60 centimes au lieu de 15 centimes auparavant).
Le CD explique la hausse du prix car la grille tarifaire commensaux n’a pas connu d’augmentation (2.54%) depuis plusieurs années, sans compter l’inflation du coût des produits alimentaires et de l’énergie.
En outre, les menus sont établis au grammage, qui a été modifié : il est maintenant prévu 150g de légumes /personne au lieu de 200g avant la mise en place de la plate-forme.
Le département nous dit ne pas être au courant de ce changement de grammage, et va se renseigner.
5) Plan alimentaire : la conception des menus.
Les chefs de cuisine sont contraints par le logiciel Fraicheur77 qui leur impose des menus en fonction des approvisionnements et des livraisons programmées.
Le plan alimentaire du département est passé de 5 semaines à 8 semaines : cela a permis la disparition de certains aliments dans les menus.
Certains menus ne comportent pas d’entrée ou pas de laitage, dans un souci d’économies.
Dans les établissements avec de nombreux demi-pensionnaires, les élèves passant au dernier service n’ont plus droit à un menu complet ou ont un menu différent.
6) Conditions de travail :
Les conditions de travail des agents sont fortement dégradées, provoquant des arrêts nombreux liés au stress et donc une détérioration de la qualité du service public fourni aux familles.