Mardi 28 avril, 71 personnels de l’Éducation nationale et agents territoriaux de Saint-Denis (93) se sont réunis en audio-conférence pour faire le point sur la situation.
Nous sommes les premiers à souhaiter la réouverture des écoles et établissements scolaires le plus vite possible car nous sommes les mieux placés pour constater les difficultés engendrées par leur fermeture, particulièrement dans notre département frappé par le nombre de personnes contaminées et décédées, mais aussi parce que nous savons que beaucoup de nos élèves et leurs familles ont vécu le confinement dans des conditions très difficiles (exiguïté des logements et tensions que cela peut générer ou aggraver, difficultés financières).
Cependant, nous tenons à exprimer notre incompréhension devant la décision prise par le président de la République de rouvrir les écoles le 11 mai prochain.
En effet, alors que cette reprise devrait débuter dans 15 jours, force est de constater qu’aucune mesure concrète de protection n’a été prévue, ni pour les élèves, ni pour les personnels.
Nous ne sommes pas dupes. La décision de rouvrir les écoles le 11 mai reflète des préoccupations politiques, économiques, mais sûrement pas pédagogiques. Dans son allocution, M. Macron a pris prétexte des inégalités pour justifier sa décision. S’il se préoccupait réellement des inégalités, il commencerait par suspendre les nombreuses suppressions de postes et fermetures de classe qui sont programmées pour la rentrée prochaine, notamment dans notre département ; et au contraire il prévoirait un plan de créations massives de postes, d’ouvertures de classes, ainsi que des moyens pour reconstruire le service hospitalier.
La décision de rouvrir les écoles le 11 mai n’a qu’une seule motivation : céder à la pression du MEDEF qui veut que les salariés qui gardent leurs enfants retournent au travail. L’école n’est pas la garderie du MEDEF !
Une éventuelle reprise suppose, à l’image de la préconisation formulée par le CHS-CT ministériel de l’Education national du 3 avril (avis repris par les CHS-CT académique et départemental) s’appuyant sur les recommandations de l’OMS :
- un dépistage systématique de tous les enfants et tous les personnels, comme préalable à toute reprise ?
- des tests réguliers, ?
- des masques homologués à hauteur des besoins (renouvellement des masques toutes les 4 heures pour chaque personne), les FFP2 étant le seul équipement garanti par ?le Code du travail ?
- du matériel d’hygiène et de protection à la hauteur des besoins et disponible dans toutes les ?salles : du savon, des gants, du gel hydro-alcoolique, des lingettes désinfectantes... ?
- la désinfection des locaux (couloirs, salles de classes, sanitaires etc.).?
- la garantie de la distanciation sociale d’un mètre ce qui semble bien ?difficile à mettre en œuvre dans les établissements scolaires, malgré les affirmations répétées de nos ministres. ?
- Nous demandons également à ce que tous les personnels à risque ou vivant avec une personne à risque puissent bénéficier d’une Autorisation spéciale d’Absence (ASA), ce qui permettrait d’éviter tout recours à la responsabilité du médecin traitant et à un éventuel arrêt maladie (inadapté pour une personne qui n’est pas malade).
Le maire de Stains vient d’indiquer que la ville ne pourra pas rouvrir ses écoles le 11 mai prochain. Huit autres villes du département l’ont également indiqué concernant les maternelles. Qu’en est-il de la mairie de Saint-Denis ? Du conseil départemental ? Du conseil régional ?
Force est de constater que dans la situation actuelle, les conditions nécessaires ne sont pas réunies et ne pourront pas l’être le 11 mai prochain. C’est pourquoi nous demandons l’annulation de la décision de rouvrir les écoles et établissements scolaires le 11 mai prochain et vu que les élèves ne peuvent accéder à l’école, nous demandons le prêt ou le don de matériel informatique et d’une connexion Internet puissante à toutes les familles qui le demandent.
Nous exigeons que les fermetures de classe prévues par le DASEN lors du CTSD et que l’attribution d’une aide d’urgence pour les familles démunies soit accordée.
En l’absence des conditions listées ci-dessus, nous considérerions le 11 mai prochain avoir un motif raisonnable de penser que la santé et la vie aussi bien des élèves que des personnels sont menacées. Si tel était le cas, nous serions dans l’obligation, avec le soutien de nos organisations syndicales, d’exercer notre droit de retrait ou notre droit de grève.
71 votants : 70 Pour / 1 abstention
Avec les syndicats SNUipp-FSU / SNES -FSU / FO / CGT / SUD / CNT