Cette CAPA d’avancement d’échelon prend un caractère particulier en étant probablement la dernière du genre. Si les modalités du projet portant sur la reconstruction et la revalorisation de la carrière sont arrêtées par le ministère, celles relatives à l’évaluation des CPE ne nous ont toujours pas été communiquées.
Face à une crise de recrutement qu’elles ne suffiront pas à résoudre, ces mesures de revalorisation, encore insuffisantes, doivent être appréciées comme un geste d’urgence qui devra rester intangible, quelque soit l’échéancier électoral. Il n’est évidemment pas question de comparer ces mesures à l’alignement sur les salaires, supérieurs de près 30%, des
enseignants des pays de l’OCDE ou celui des fonctionnaires de catégorie A des autres ministères.
Si nous déplorons qu’elles ne permettent pas de compenser les pertes de pouvoir d’achat depuis les années 2000, il faut saluer la perspective de reconstruction et d’accélération des carrières qu’elles contiennent. Sans être encore tout à fait, comme tant d’autres corps de la fonction publique, totalement déconnectée de l’évaluation, le déroulement de carrière va
connaître une amélioration et une clarification des attendus professionnels. Néanmoins, avec deux temps d’accélérations possibles dans le déroulé de carrière, pour l’accès au 7e et au 9e échelon, le ministère conserve une mesure discriminatoire qui n’existe dans aucun autre corps de la fonction publique d’Etat !
Nous continuons de demander un avancement linéaire au meilleur rythme et un accès garanti pour tous à la hors-classe.
Pour le CPE, s’ouvre la perspective d’une double évaluation de son activité professionnelle, à la fois par le chef d’établissement et par le regard extérieur d’une inspection pédagogique. Pour que ce regard gagne en expertise du métier, la constitution d’une inspection issue du corps des CPE sans un passage obligé par la direction d’établissement doit, selon nous, accompagner cette perspective. Il va de soi que dès maintenant, le protocole et la grille
d’évaluation nationaux ne doivent s’appuyer, comme pour les enseignants, que sur le référentiel de compétences professionnelles du 1er juillet 2013 et sur la circulaire de missions du 10 août 2015.
La mise en place de quatre rendez-vous de carrière liés à l’avancement d’échelon et aux promotions de grade, dont seul le principe des trois premiers est défini, semble avoir un double objectif antinomique qui ne permet pas d’en garantir la sincérité : accompagner et discriminer. Dans sa conception même, ce dispositif génère une confusion entre réflexion sur l’activité professionnelle et perspectives éventuelles pour changer de mission, de fonction voire de métier. Si ces dernières doivent être discutées par les personnels avec l’institution, elles doivent avoir lieu dans un cadre qui ne soit pas confondu avec celui de l’évaluation.
Pour ces raisons, nous demanderons par ailleurs, que lors des futurs rendez-vous de carrière, l’agent puisse avoir recours à un représentant du personnel présent aux entretiens s’il le souhaite, pour éviter toute tentation de mise au pas. Nous rappelons, avec la FSU qui a pris toute sa place dans la négociation, la volonté ministérielle de donner aux agents la possibilité d’un recours sur la totalité de l’évaluation finale.
Ce premier trimestre a rimé pour trop de CPE avec un alourdissement sensible de la charge de travail : équipes mobilisées sur le renforcement de la sécurité des établissements, mise en oeuvre chaotique de la très contestable réforme des collèges, modification du système représentatif des lycéens et mise en oeuvre des Conseils de Vie Collégienne avec des échéances intenables... C’est peu dire qu’un sentiment de bricolage hâtif se dégage de cet ensemble. On ne répond toujours pas à une difficulté propre à notre corps qui est celle du type de récupération à envisager pour les nombreuses heures que font nos collègues en sus de leur service.
Nous exigeons que les 15 créations d’emplois de CPE affectées à l’académie de Créteil pour 2017 soient intégralement concrétisées par des implantations de postes, faute de quoi la priorité à l’éducation n’aura dans ce domaine pas dépassé le stade de la promesse électorale. Trop de CPE ont en charge des effectifs d’élèves incompatibles avec l’exercice complet de leurs missions. De plus, à cette charge quantitative excessive s’ajoute un nombre croissant
d’élèves dans des situations sociales de plus en plus complexes et difficiles à résoudre, comme au lycée Blanqui de Saint Ouen. Les CPE accomplissent un travail fondamental à forte résonance sociale : celui-ci doit être mené au quotidien au sein d’équipes de professionnels qualifiés et suffisamment nombreux pour pouvoir répondre à une demande éducative toujours plus
forte. Il est urgent que les CPE ne se retrouvent plus seuls avec plus de 500 élèves ! En Seine-Et-Marne, nous comptons 23 établissements +600 élèves avec un seul poste de CPE !
Les besoins ne manquent pas, le SNES Créteil restera attentif et rappellera à la rectrice, lors du prochain CTA , les revendications des postes supplémentaires de CPE pour les établissements qui se sont mobilisés : Le lycée Clémenceau et le collège Pasteur de Villemonble, le collège Ronsard de l’Hay les Roses, le collège Frédéric Chopin à Melun, le lycée Sonia Delaunay de Cesson, le collège Janus Korczak à Limeil-Brévannes, les collèges Cesaria Evora et Jean Moulin de Montreuil, le lycée Olympe de Gouges de Noisy le Sec, le collège Paul Vaillant Couturier de Champigny pour ne citer qu’eux !
Concernant cette CAPA de promotion d’échelon sur Créteil, il est difficile de fournir une analyse pertinente dans la mesure où les outils de cette analyse nous ont fait défaut. Les commissaires paritaires du SNES FSU exercent en établissement et ne peuvent s’en extraire inopinément. N’avoir disposé de fichiers informatiques utilisables qu’une semaine après la date annoncée, la veille de la CAPA (en terme de jours ouvrés) n’est pas acceptable et rend plus irréaliste encore le temps qui nous a été laissé pour la préparation de cette CAPA
30 janvier 2017