Bobigny, le 26 mai 2006
Après quatre semaines de grève, c’est avec amertume et colère que le personnel gréviste du collège République de Bobigny reprend le travail. Sans véritablement avoir été entendus, sans avoir obtenu satisfaction à des demandes précises, construites et raisonnables.
C’est pourquoi :
Nous dénonçons toujours aussi fermement l’insuffisance et l’inadaptation de la réforme des ZEP, dont l’ambition réussite affichée rime plutôt avec ambition réduite pour les élèves de nos quartiers.
Nous dénonçons le désengagement de l’Etat dans nos Etablissements. A notre échelle, tous les jours, nous faisons en sorte que « ca fonctionne », tant bien que mal, et en déployant une énergie qui va bien au delà de notre stricte fonction de professeur. Nous avons aujourd’hui l’impression d’être les seuls à colmater les brèches d’une situation qui dépasse le cadre de l’école. Au delà d’être isolés, nous avons le sentiment d’un véritable mépris pour notre travail et notre engagement dans l’école républicaine. Pense-t-on que nous allons éternellement continuer à être les « urgentistes » de la République ? Quand va-t-on cesser de faire des réformes sans une prise en compte réelle du travail des professionnels de terrain et des requêtes des familles, dont nous avons la charge des enfants ?
Aussi sommes nous indignés du dédain affiché envers les parents d’élèves du collège République. Ils ont été implicitement taxés d’irresponsables par Monsieur l’Inspecteur d’Académie pour avoir soutenu notre mouvement. Ces propos auraient-ils été les mêmes face à des parents issus d’autres CSP ?
C’est avec colère que nous dénonçons le manque de considération de l’engagement, des difficultés des familles balbyniennes et plus largement des quartiers défavorisés.
Nous considérons avoir pris nos responsabilités en alertant sur la situation de crise au collège. Notre diagnostique de professionnels a pour objectif de prévenir les risques d’une évolution inquiétante. Doit-on attendre que les banlieues brûlent de nouveau pour s’intéresser à ces quartiers délaissés ? Avec comme unique réponse dans l’urgence le déploiement d’un arsenal de mesures sécuritaires et répressives. L’attitude raisonnable n’est-elle pas d’accorder plus d’importance à la prévention, en offrant par des moyens pédagogiques une véritable chance de réussir. Aussi peut-on se demander s’il existe une réelle volonté d’améliorer une situation économique et sociale alarmante.
Nous mettons donc l’Etat devant ses responsabilités quant à l’évolution future de nos banlieues.
Le personnel gréviste du collège République de Bobigny