Les personnels d’enseignement et d’éducation du collège Henri Barbusse sont en grève aujourd’hui lundi 27 février 2017 à 75 % pour protester contre les conditions intolérables d’enseignement et d’accueil des élèves.
Malgré la détermination des parents d’élèves qui ont organisé une journée « Collège désert », mardi 17 janvier dernier, avec le soutien de l’ensemble des personnels d’enseignement et d’éducation, les pouvoirs publics sont loin d’avoir pris la mesure de la situation : aujourd’hui, le climat scolaire violent n’est plus propice aux apprentissages et à la réussite de tou.te.s les élèves. Les assistant.e.s d’éducation (AED) sont en nombre insuffisant pour faire face à l’état de tension qui s’est propagé à l’intérieur et aux abords de l’établissement ; les bagarres entre élèves sont quotidiennes, la violence verbale et parfois physique envers les adultes tend à se banaliser. Face à cette situation très préoccupante, nous nous inquiétons vivement des faux-fuyants voire du mépris affichés par nos interlocuteur.rice.s : qu’en est-il, par exemple, de la nomination d’un.e adulte relais au sein de l’établissement ?
La Préfecture de Seine-Saint-Denis (représentée par Mme Isnard, Sous-préfète de Saint-Denis), de concert avec la Direction académique (représentée par M. Sébille, Directeur académique adjoint), a diligenté, le soir du 17 janvier, une réunion qui s’est avérée être un jeu de dupes destiné à enrayer la colère légitime des parents d’élèves. Ces man ?uvres dilatoires n’ont pas lieu d’être face à de tels enjeux. Le défaut récurrent de réactivité et de transparence quant à l’accompagnement éducatif des élèves (suivi des sanctions, fin du dispositif d’accueil en interne des élèves exclu.e.s) ainsi que la part d’improvisation qui incombent à la direction de notre établissement entraînent également des dysfonctionnements qui s’ajoutent à un réel mépris de la Direction académique qui estime que le collège Henri Barbusse est suffisamment doté en moyens horaires et humains.
Ce climat de tension est encore accentué par l’indignité de locaux sérieusement dégradés. Le programme de travaux initiés par le Conseil départemental, suite à la mobilisation de l’ensemble de la communauté éducative l’année passée, s’enlise, bien loin de la satisfaction et de la morgue scandaleuses dont M. Constant, Vice-Président en charge des collèges, de l’éducation artistique et culturelle et du projet éducatif, fait étalage dans un courrier daté du 9 février dernier aux membres du Conseil d’administration de l’établissement. La réalité que nous vivons au quotidien est bien différente : un nombre insuffisant d’agent.e.s ATTEE épuisé.e.s dont on exige qu’ils.elles effectuent un service « dégradé », des enseignant.e.s accablé.e.s qui accueillent leurs classes dans une autre salle que celle initialement prévue du fait de moisissures sur les rebords des fenêtres ou d’un début d’inondation, une équipe de vie scolaire en souffrance qui doit composer avec des infiltrations qui endommagent les câbles d’un parc informatique souvent défaillant.
Dès lors, comment s’étonner de la montée des tensions au sein de l’établissement quand, depuis des années, nous avons alerté tous ces acteurs décisionnaires en matière d’éducation en Seine-Saint-Denis, sur le désengagement de plus en plus sensible de la puissance publique dont c’est pourtant l’une des prérogatives majeures ? La situation du collège Henri Barbusse ne fait malheureusement pas exception dans le département : les personnels du collège Pierre Sémard de Bobigny ont été massivement en grève jeudi 23 février dernier afin de dénoncer un quotidien intolérable pour l’ensemble de la communauté éducative. Pour toutes ces raisons, nous, personnels d’enseignement et d’éducation, estimons qu’il n’est plus envisageable d’assurer sereinement nos missions au sein de l’établissement et exigeons de toutes les parties concernées qu’elles viennent constater par elles-mêmes les conséquences de leur cynisme qui a entraîné la sévère dégradation de nos conditions de travail.
Nous demandons instamment à toutes les parties concernées qu’elles daignent se déplacer jusqu’au collège et revendiquons :
- Le retour ou le maintien de tous les dispositifs menacés ou supprimés par la réforme du collège ou la disparition de certains financements (Défi lecture CM2 ?6e), qu’ils concernent des classes (DP3, classes sportives), des options (bilangue, espagnol renforcé, développement durable, latin et grec) ainsi que l’Aide et soutien en 4e, l’UPE2A et son suivi ainsi que le Module relais ;
- La diminution des effectifs par classe (20 élèves), en s’appuyant notamment sur des groupes allégés et des dédoublements dans toutes les disciplines garantis dans des grilles horaires nationales bâties sur des programmes cohérents (une discipline, un programme) ;
- Le renforcement des moyens de la vie scolaire (3 postes d’AED supplémentaires) afin d’améliorer les conditions de vie dans l’établissement au quotidien ;
- 3 postes d’assistant-es pédagogiques permettant d’assurer un suivi personnalisé des élèves ;
- Le remplacement systématique et immédiat des absences de personnels d’enseignement, d’éducation et ATTEE ;
- La présence d’un.e adulte relais, réclamée depuis le mois de mars 2016 ;
- La réalisation, dans les plus brefs délais, des travaux de rénovation depuis longtemps promis par le Conseil départemental.