On nous avait vendu la consultation sur le socle comme un moment fort de réflexion collective. Partout en France, la profession allait phosphorer et avoir la possibilité de donner un avis sur les principes qui présideront à l’écriture des nouveaux programmes.
Et paf.
Cinq jours avant cette discussion collective et générale, on annule tout de peur que le tribunal administratif ne donne raison à la PEEP 94 et à la FCPE 77 et, par ricochet, n’invalide la tenue de ces demi-journées partout en France.
Certes le Rectorat de Créteil a décidé d’une date sans tenir compte des avis et difficultés pourtant énoncées par les uns et les autres. Toutefois, réussir à empêcher que les personnels de l’Education Nationale prennent trois heures pour réfléchir ensemble à ce qu’ils enseignent et enseigneront dans la décennie qui vient aux enfants de ce pays est une drôle de victoire pour les représentants de ces organisations.
Cette consultation semble d’ailleurs en passe de devenir une machine à fabriquer du grotesque en quantité infinie car l’histoire n’est pas terminée. Dans le 93, la FCPE a déposé jeudi un recours en urgence devant ce même tribunal administratif. Nous sommes donc vendredi, il est 17 heures et l’on ne sait pas à cette heure si le TA acceptera de se prononcer dans ces délais extrêmement courts et ce qu’il décidera.
Et pendant ce temps là, du côté de l’institution, c’est la cacophonie. La gestion de cette retraite à bride abattue devant le recours des associations de parents accroit encore l’impression d’amateurisme que laisse toute cette affaire.
D’un côté nous avons le ministère qui dit que la consultation « aura bien lieu » mais « à une autre date ». De l’autre, le rectorat de Créteil fait un communiqué dans lequel on peut lire :« il a été décidé qu’il y aurait une organisation différente de ce temps spécifique de réflexion » dans ces 2 départements.
Pour résumer, quand la ministre dit qu’il faut trouver une date qui fasse consensus, la Rectrice répond qu’en parler dans un conseil pédagogique (souvent fantôme en collège) ou en réunion de coordo de discipline ça suffit bien.
On patauge dans le ridicule et pendant ce temps là les enseignants de l’académie sont mis de côté dans ce débat national. A la place ils ont droit à une comédie de boulevard dont les péripéties vont finir par laisser penser que leur avis sur les programmes n’intéresse personne.
Cette consultation doit avoir lieu. Elle doit se tenir sur le temps de travail et dans des délais qui permettent à l’avis des collègues d’être pris en compte.