En grève mardi 11 octobre 2016, les enseignants de lycée Nobel de Clichy-sous-Bois ont écrit à la ministre. Voici leur courrier :
Madame la ministre,
Nous, signataires de la présente, nous tenons à vous exprimer nos vives inquiétudes concernant la carte de l’éducation prioritaire. En effet, aucun lycée ne figure dans la liste des établissements classés en Education prioritaire et pour le ministère, ces lycées ne semblent pas avoir vocation à en faire partie.
Les personnels enseignants du lycée Alfred Nobel de Clichy-sous-Bois sont donc mobilisés aujourd’hui, mardi 11 octobre 2016, car ils s’inquiètent de la sortie éventuelle du lycée du dispositif d’éducation prioritaire.
La publication récente du rapport CNESO (Conseil National de l’Evaluation du Système Scolaire) montre que le fonctionnement actuel de l’école en France ne réduit pas les inégalités, il les renforce. Or ce constat ne traduit pas l’échec de l’éducation prioritaire mais le manque de mixité sociale dans certains établissements renforcé entre autres par la suppression de la carte scolaire. C’est pourquoi le périmètre de l’éducation prioritaire doit être cohérent avec celui de la difficulté sociale, quel que soit le niveau scolaire.
Le lycée Alfred Nobel est situé sur un territoire défini par l’Etat comme un quartier prioritaire de la politique de la ville (décret n° 2014-1750 du 30 décembre 2014). Les trois collèges dont sont issus nos élèves sont tous classés REP+. Il est difficile de comprendre pourquoi il n’y a pas nécessité à poursuivre les dispositifs après le collège (ce dernier ne marquant pas la fin de la scolarité obligatoire) comme si les problèmes étaient résolus. Si l’éducation prioritaire est conçue en réseau, il est inadmissible que le lycée en soit exclu alors qu’il fait partie prenante de la scolarité de nos élèves des filières professionnelles, générales et technologiques.
Dans le classement établi par le ministère de l’Education Nationale, notre position montre que le lycée Alfred Nobel fait réussir ses élèves et ce, en considérant les résultats intrinsèques et ceux incluant la valeur ajoutée. De plus, le lycée bénéficie d’un climat scolaire « étonnamment » bon en considérant la typologie de l’établissement. L’étude de l’OUIEP (observatoire universitaire international éducation et prévention) et la délégation ministérielle ont montré que les rapports des élèves entre eux et des élèves avec les adultes de l’établissement étaient d’une grande qualité et favorisaient les apprentissages. Les moyens d’encadrement supplémentaire sont donc nécessaires à la réussite de tous les élèves. Nous demandons régulièrement l’attribution de la dotation horaire légale et de moyens complémentaires permettant de maintenir le niveau d’exigence que nous souhaitons pour nos élèves.
Le dispositif actuel permet à notre lycée :
– d’améliorer les conditions d’apprentissage et de travail (limite de 24 ou 30 élèves actuellement, favoriser les demi-groupes, réduire les inégalités d’accès à la culture).
– d’avoir du personnel et des moyens supplémentaires permettant d’assurer un encadrement et un suivi de qualité pour les élèves (assistants d’éducation, assistants pédagogiques, deux professeurs principaux par classe, maintien des équipes pédagogiques).
D’expérience, nous savons que nos élèves ont besoin de plus petits effectifs et d’un encadrement accru pour réussir, et les résultats du lycée aux examens ces dernières années semblent confirmer l’apport et l’intérêt d’un tel dispositif. Les personnels exigent donc de la part du ministère l’assurance que le lycée sera maintenu dans ce dispositif.
Le site internet du ministère de l’Education rappelle que « l’inégalité face à l’éducation est la première des injustices contre lesquelles nous devons lutter ». C’est pourquoi nous luttons afin d’accroître les moyens qui nous sont alloués et nous demandons des moyens supplémentaires pour notamment dédoubler certains cours.
Les personnels enseignants du lycée Alfred Nobel