Le Ministre de l’Education, visiblement inquiet du développement de la lutte contre sa politique en Seine-Saint-Denis, s’est cru obligé de se déplacer en catimini à Bobigny pour nous « rassurer » et déclarer qu’ « en Seine-Saint-Denis, aucun collège ne sortira de l’éducation prioritaire ». Bel hommage à notre mobilisation, et preuve qu’elle fait peur au Ministre qui craint son extension.
Mais pour masquer ce recul, à l’imitation de son collègue Sarkozy, il insulte les personnels et le SNES93 qui les informe et les mobilise.
« La désinformation atteint des sommets en Seine-Saint-Denis » (sic)
Nous vous mettons au défi M. de Robien de trouver la moindre information fausse dans nos tracts ou circulaires. Pour une bonne raison : nos seules sources sont vos déclarations lors de la conférence de presse du 13 décembre. Les EP3 ont vocation à sortir de l’éducation prioritaire, ce n’est pas le SNES 93 qui l’a inventé ! Pour combien de temps votre promesse de ne pas déclasser d’établissement ZEP en Seine-Saint-Denis est-elle valable et qu’en est-il ailleurs ?
Notre lutte ne s’arrête pas aux ZEP : il manquait des centaines de professeurs des écoles à la rentrée de septembre ; dans les collèges et les lycées, les congés prévisibles d’enseignants, de CPE, de conseillers d’orientation ne sont pas remplacés alors que des centaines de contractuels ont été mis au chômage ; la diminution du nombre d’adultes dans les établissements et la précarisation des derniers recrutés (assistants d’éducation, CAE-EVS...) fragilisent la vie scolaire... L’école en Seine-Saint-Denis souffre de la politique de M. de Robien et de ses prédécesseurs, et il ne devrait pas être question de redéployer quoi que ce soit, mais de lui donner réellement les moyens d’accompir ses missions.
« L’avis de décès des ZEP est caduc » (sic)
Non, M. le Ministre, cette annonce ne remet pas en cause la mort programmée des ZEP que vous mettez en ?uvre car votre projet d’EP1 n’a plus rien à voir avec l’éducation prioritaire. Vous abandonnez en effet la logique territoriale pour une logique individuelle qui aura pour conséquence de permettre aux élèves « méritants » de s’échapper de leur quartier, d’aider les plus en difficultés à aller plus vite vers l’apprentissage junior et de laisser la masse des élèves de ces établissements à l’abandon avec pour seul horizon le socle commun.
Vos « collèges ambition réussite » en organisant la déréglementation, pour les élèves comme pour les enseignants entérinent les inégalités sociales et jettent les bases d’une autre école dont nous ne voulons pas, ni en Seine-Saint-Denis ni ailleurs.
Contre cette politique, nous nous mobilisons comme le 26 janvier où plus de la moitié des collègues de ce département ont fait grève et où deux mille d’entre eux ont manifesté devant l’I.A.
A notre initiative, de nombreux établissements ont décidé d’occuper leurs locaux pour les défendre symboliquement contre l’agression dont vous les menacez.
« Le fait d’occuper des locaux est au moins une incivilité sinon un très mauvais exemple pour les jeunes » ( sic)
M. le Ministre, gardez vos leçons de morale et de civisme pour votre collègue Sarkozy qui manie constamment l’insulte contre la jeunesse de nos banlieues.
Les enseignants du 93 n’ont pas de leçon à recevoir, eux qui enseignent dans des conditions difficiles en ayant le sentiment d’être abandonnés par leur hiérarchie. Les jeunes collègues qui arrivent en grand nombre dans ce département comme les plus anciens qui y travaillent depuis des années n’ont qu’une seule ambition : faire réussir ces élèves qui dans leur masse ont conscience que l’Ecole publique est leur seul espoir de réussite sociale.
C’est aussi ce qui nous guide dans nos luttes. En 1998 déjà, nous avions dû faire deux mois de grève pour obtenir que ce département ait une dotation comparable à celle des autres. Aujourd’hui, c’est la même démarche citoyenne qui nous anime et qualifier nos occupations de locaux d’incivilité est inadmissible et insultant. Nous n’acceptons pas cette volonté de criminaliser la lutte syndicale ni votre arrogance et votre mépris.
Nous appelons à poursuivre et élargir la lutte !
– en participant massivement à la manifestation du 7 février contre le CPE,
– en multipliant les occupations au retour des vacances ( en les annonçant dès maintenant par un communiqué ),
– en réunissant des A.G. d’établissement et de ville le plus rapidement à la rentrée pour discuter des suites à donner à notre mouvement.