La réalité est là, cette réforme mise en place dans l’urgence, sans concertation, ne vise qu’un objectif : faire accepter une diminution des dotations horaires.
Ainsi, les collègues qui se sont rendus aux journées de formation ont pu constater ce qui l’avait déjà été dans d’autres académies : des inspecteurs dans l’incapacité ou dans l’impossibilité de répondre aux questions pratiques des collègues, pour finalement énoncer les motivations réelles de cette réforme :« il n’y a plus de sous », ou « être prof c’est de 8h le lundi à 17h le vendredi »...
Ces dernières semaines, les tentatives pour installer la réforme se sont accélérées dans les établissements. Les formations ont débuté et ont servi de tremplin aux chefs d’établissement pour sonder leurs équipes. Ils ont ainsi pu mettre à contribution certains collègues, quitte à les contacter individuellement, pour passer "au-dessus" des conseils pédagogiques élargis qui visaient, pour les équipes, à créer un positionnement et un rapport de force collectif.
A coup d’arguments du type "il va bien falloir faire quelque chose à la rentrée", en mettant en avant la menace de suppressions de postes dans certaines disciplines, ou en évoquant la soi-disant nécessité de connaitre les projets d’EPI avant les vacances de fin d’années, beaucoup se sont vus contraints ou convaincus de participer aux formations.
Depuis la rentrée , les chefs d ?établissements ont exercé une pression croissante sur les équipes pédagogiques. La raison évoquée en est la préparation de la DHG ( dotation en heures ? postes et HSA) . Préparer des EPI avant de connaître la DHG n’aura aucune influence sur le nombre d’heures attribuées par le rectorat pour la rentrée 2016. Les EPI et l’AP sont intégrés à la dotation horaire de 26h disciplinaires par division au cycle 4 ( 5e-4e-3e). Si la reforme est appliquée, il faudra amputer de 2 ou 3h les horaires disciplinaires du cycle 4 pour organiser les EPI. Nul besoin donc de les connaître à l ?avance pour calculer la répartition des moyens !
Seule l’ utilisation des 2h45 de marge par classe pourra être mise en discussion à terme. Il est donc important de ne pas entrer maintenant dans la préparation de la rentrée 2016, et de ne surtout pas anticiper la mise en ?uvre de la réforme, sous peine de cautionner par avance la suppression des postes des collègues. Le chantage, encouragé par le principal syndicat de chefs d ?établissements au nom de « l ?autonomie », et visant à exiger des projets contre des moyens d ?enseignements pour éviter compléments de service ou suppressions de postes, n’a pas de sens et est non réglementaire, d ?autant que personne ne connaît les DGH !
Dans certains cas, des principaux promettent un « arrangement » en interne pour mieux faire accepter la réforme du collège ( des EPI qui n’en sont pas, des demi-groupes à foison, du latin -grec, des langues vivantes....... ). Si la réforme s ’applique, les EPI seront pourtant matière à évaluation et à inspection, des comptes rendus seront à fournir et on ne pourra pas financer les demi -groupes de sciences, les groupes de langues, les modules, le latin et le grec..... avec 2h45 de marge !
Les chefs d’établissement , de plus en plus réticents à l’idée d’être seuls dans cette galère, veulent impliquer les enseignants dans l’organisation de la réforme. Les enseignants n’ont cependant pas à être responsables de la mise en place d’une réforme dont ils ne veulent pas.
Les hiérarchies intermédiaires jouent aux sourdes et cherchent à isoler les équipes qui se mobilisent dans tous les départements, dans toutes les académies. A nous donc de nous informer les uns les autres sur les mobilisations contre la réforme depuis la rentrée et de ne pas nous épuiser. Chefs d’établissement, inspecteurs, recteurs, Ministre, doivent nous entendre pour l’abrogation de décrets rejetés par la très grande majorité de la profession.
La grève du 26 janvier sera nécessaire pour faire entendre à nouveau ce refus collectif et montrer que nous ne lâcherons pas les premiers.
Dans l’académie de Créteil, l’enquête en ligne proposée sur le site du SNES nous permet maintenant d’avoir une visibilité précise de ce que les militants observaient déjà dans leurs secteurs. Dans de très nombreux collèges, les équipes se sont mobilisées pour informer, manifester, témoigner de leur refus de la réforme imposée par le décret du 20 mai.
Ainsi, en 7 jours, 163 établissements de l’académie ont répondu à l’enquête en ligne :
– 22% des établissements ayant répondu ont neutralisé les conseils pédagogiques en les transformant en plénières,
– 72% ont participé massivement aux grèves de mai, de juin et/ou de septembre,
– 25% ont distribué des tracts aux parents, 48% ont signé massivement la pétition contre la formation, 34% ont refusé totalement d’envoyer des collègues en collègues en formation,
– 38% refusent actuellement de proposer des EPI.
La mobilisation continue et doit s’exprimer notamment par le refus catégorique d’anticiper l’organisation des EPI et d’appauvrir les enseignements disciplinaires.
En attendant, continuons les mobilisations locales qui portent leurs fruits et permettent aux équipes d’affirmer, face aux directions, qu’elles peuvent freiner la mise en place de cette réforme descendante. C’est le départ d’un mouvement ascendant de refus pour convaincre les hiérarchies intermédiaires que cette réforme ne peut s’appliquer.