Comme tous les points mis en avant dans la réforme globale du collège, celui du « suivi et de l’accompagnement pédagogique des élèves » a fait lui aussi l’objet d’un décret particulier, publié le 18 novembre 2014 et applicable à la rentrée 2015.
Ce dernier prévoit de « soutenir la capacité d’apprendre et de progresser de tous les élèves », de mettre en place « un accompagnement pédagogique qui réponde aux besoin des élèves », « mis en place prioritairement par les enseignants » et qui comprenne des « aides appropriées aux difficultés rencontrées ».
Mais aussi que, « les élèves présentant des besoins éducatifs particuliers » bénéficieront « d’un accompagnement pédagogique spécifique », « un plan d’accompagnement spécialisé » qui se substitue au PPRE.
Ou encore que le « conseil de classe examine toutes les questions pédagogiques intéressant le suivi des acquis de chaque élève » et qu’il se réunisse « au moins trois par an », notamment pour communiquer le plus « régulièrement » possible, le bilan des acquis de l’élève.
Le contenu du décret est difficilement contestable tant il correspond à ce que devraient et voudraient pouvoir mettre en oeuvre les enseignants dans leurs classes. Il semble cependant qu’il pérennise une posture ministérielle qui consiste à faire abstraction des conditions réelles d’enseignement, pourtant imposées par les politiques gouvernementales.
En effet le décret sur le suivi et l’accompagnement pédagogique rend encore plus contradictoires les injonctions faites aux enseignants. Soutenir, accompagner, parler d’un suivi de plus en plus individualisé des élèves assuré par les enseignants qui ne sont pas tous formés à la difficulté scolaire et dans des classes où les élèves sont toujours aussi ou même plus nombreux.
Comment penser que ces nouvelles dispositions sur le suivi et l’accompagnement pédagogique puissent s’appliquer correctement dans de telles conditions ? Comment ne pas imaginer qu’elles ne puissent pas s’appliquer réellement, en les résumant à de simples tâches bureaucratiques ? Comment espérer qu’elles ne constitueront pas un surcroît de travail pour les enseignants, s’ils individualisent ce qu’ils proposent à des élèves aux profils variés ? Ceci a déjà été proposé et s’avère peu probant pour la réussite des élèves qui travaillent finalement dans les mêmes conditions ?
Comment donc accepter un tel décret qui affiche des ambitions pour lesquelles les conditions sur le terrain ne sont pas réunies ?
Il est encore temps d’écouter les personnels qui sur le terrain, dans les classes, essayent effectivement d’assurer un suivi pédagogique le plus respectueux possible des élèves et de leurs besoins.
Des projets ont été mis en place, des dispositifs expérimentés déjà depuis un certain nombre d’ années, un bilan est nécessaire.
A aucun moment les revendications des personnels n’ont porté sur la promulgation de décrets qui préciseraient la mission de suivi et d’accompagnement pédagogique qu’ils s’assignent dès lors qu’ils entrent dans le métier. En revanche, elles sont fréquentes pour demander un allègement des effectifs dans les classes, des heures pour les dédoublements, une formation pédagogique de qualité et un recrutement plus important qui implique une revalorisation salariale du métier. Sur aucun de ces points nous ne sommes entendus.
Comment donc penser que les décisions ministérielles s’inspirent de la réalité du terrain et des besoins réels des élèves et non de visées politiques à plus ou moins court terme ?